Les enfants sont merveilleux. En particulier ici, pour ce qui semble être un des films les plus fous de l'année 2012. En effet les acteurs sont si complices, et si mignons, qu'on ne peut qu'être émerveillé par cette innocence. Et le fait que Kara Hayward soit aussi affriolante et envoûtante - pour ne pas dire scandaleusement trop sexy pour une meuf de 14 ans - ça aide.
Avec sa réalisation si particulière, en centrant ses personnages minutieusement au centre ou symétriquement au paysage, Wes Anderson nous invite à suivre Suzy et Sam, deux enfants en fugue, pour une charmante confrontation entre enfance et aînés, où les rejetons apparaissent sûrs d'eux alors que les adultes sont des incapables immatures.
C'est fou comment que ce n'est pas crédible une seule seconde, et que ça paraisse débile d'un bout à l'autre.
C'est fou comment que ça pue l'artifice avec ces enfants maquillés à n'importe quelle occasion.
C'est fou comment que ces magnifiques décors crient "Je suis en plastique !".
C'est fou comment que les effets spéciaux sont ringards et bidons, avec notamment ces prises de vues à la jumelle avec les belles formes de ronds normalement inexistantes.
C'est fou comment que l'humour est douteux, si ce n'est pas drôle au début.
C'est fou comment que ce jeu d'acteur est difficile à cerner, tellement qu'il semble insensé.
Mais Wes Anderson joue et mélange tous ces artifices à merveille, et crée un cocktail explosif presque aussi savoureux qu'un Cosmopolitan, dont la réalisation du cinéaste ne fait que relever la saveur. Un véritable feu d'artifice. Et c'est un putain de scandale que ce film ne reçut aucune récompense digne de ce nom, alors que c'est quand même un des rares films qui donnent envie de devenir pédophile.
Chaque cadre est d'un esthétisme millimétré, à tel point que tu pourras te la péter en mettant des images du film en couverture facebook.
Chaque mouvement de caméra est intelligent, à tel point que tu pourras que t'émerveiller davantage sur le nouveau paysage.
Chaque scène est sublimée par l'audacieuse musique du français Alexandre Desplat, à tel point que t'auras envie de te laver les oreilles immédiatement, pour savourer au mieux cette B.O bien cool.
Derrière ce côté farfelu, poétique, et cette histoire aussi mignonne que tordante, se cachent de vrais symboles. Entre l'aspect géométrique très carré de la demeure parentale ainsi que celle des scouts, on y observe un contraste loin d'être anodin avec la démesure et le désordre de la forêt. Derrière cette échappée pubère, se cache un excursion initiatique et ironique permettant le passage de l'enfance à l'âge adulte.
Un voyage nécessaire où ils apprennent à grandir en profitant de leur jeunesse en vivant une aventure fantastique, un amour trop intense pour eux, mais ils vont le faire... comme des grands. Et comment ne pas tomber sous le charme de ces deux marmots qui s'éclatent sur du Françoise Hardy ? Comment ne pas tomber amoureux de ces gosses qui s'essayent aussi maladroitement que sérieusement au french kiss ? Comment ne pas tomber raide dingue de ces bambins qui se dessinent en sous-vêtements ?! Hein j'vous l'demande !
Puis cette rencontre sur cette représentation de l'arche de Noé avant-gardiste ô combien trop chou annonçant le futur déluge : aïe aïe aïe. Déluge qui d'ailleurs est, à mon sens, malheureusement décevante, quelque peu trop niais, alors que prendre un contre-pied aurait été diablement plus efficace quel qu'il soit. Parce que ce moment fatidique aurait tellement pu gagner en impact pardi. Car cette scène, oui, aurait pu être plus puissante. Cependant, on ne peut qu'être, quand même, touché par ce que Wes Anderson nous accable avec cette scène, où l'irréparable peut être commis à tout moment mais qui n'est sans compter sur la générosité du Capitain Sharp qui, bien qu'il soit trop peu développé, est là pour sauver cette espèce, cette nouvelle génération ayant retrouvé l'innocence, l'amour candide dans ce triste monde mené par des adultes rigides, bêtes et froids.
En fait, s'il n'y avait qu'un couple à sauver de l'espèce humaine, je crois que ce serait sans doute celui du garçon au chapeau de Davy Crockett et de la fille aux chaussures du dimanche.