Morituris
3.2
Morituris

Film de Raffaele Picchio (2011)

Sergio Stevaletti est un spécialiste en effets spéciaux italien qui a émergé pendant la fastueuse période d’Argento, et qui a sévi derrière les maquillages de plusieurs séries B de bonne tenue (phénoménal Masque de cire (et très surestimé sur ce blog, précisons le), foutraque Démons (lui par contre, c’est du très bon), nanardeux Sang des innocents). Ces derniers temps, il continue de faire son possible pour redonner au cinéma d’horreur italien sa vitalité aujourd’hui fanée (regardez The last house in the woods pour vous en convaincre). Avec Morituris, c’était l’occasion de partir sur quelque chose de nouveau (des gladiateurs zombies) et de nous en donner pour notre argent. Mais un script minable et des acteurs ridicules ont achevé ce beau potentiel).


En 47 avant Jésus Christ, la révolte de Spartacus est écrasée et ses meneurs torturés, et maudits. De nos jours, ils reviennent avec pour projet de marcher sur Rome. Avouez que face à un pitch pareil, votre sang ne fait qu’un tour. La curiosité est immédiatement attirée par ce récit surréaliste, mais aguicheur. Des gladiateurs zombies, mais où doit-on signer ? Sauf que c’est bidon. C’est une arnaque, un entubage profond comme je n’en avais pas vécu d’aussi violent depuis la purge La Horde. En fait, sur une heure 20 de film, on ne verra les gladiateurs que pendant 20 minutes, vers la fin. What ? Mais la rébellion, la résurrection, la marche sur Rome ? Ben y a pas. Que dalle. Le générique si, avec des dessins qui font un petit rappel historique cheap. Ben qu’est-ce qu’ils montrent pendant une heure alors ? C’est simple : une bande de potes aussi vulgaires que dans Gutterballs, sauf qu’on ne rit même pas. Franchement, on aimerait rire de ce tas d’abrutis, mais ils ne sont pas assez nanar pour ça. Même quand les 3 garçons se mettent à violer les deux filles du groupe à grand renfort de « suce moi, salope ! » et autres injonctions métaphysiques, on n’arrive pas à rire. On baille, on regarde la montre, on s’ennuie, on zappe tellement c’est long. La scène de viol dure ici pas moins d’une demi heure (Gaspar Noé, tu t’es fait doublé, mais t’inquiète, en 30 minutes, ils n’atteignent pas le quart de l’intensité d’Irréversible), pendant laquelle nos violeurs font des tournantes, tapent gratuitement sur les filles, les insultent copieusement. Il faut dire qu’on est dans un film extrême soi disant, sauf qu’on a déjà vu tout ça. Bref, on attend les gladiateurs, et quand on se dit qu’on s’est fait entubé jusqu’au bout, les voilà qui arrivent. C’est d’autant plus rageant de les voir arriver qu’objectivement, ils sont réussis.


D’une pâleur lunaire, magnifiquement éclairés près des ruines romaines, ils sont d’une carrure imposante et débitent nos abrutis avec une férocité appréciable. On pourrait même faire la comparaison avec Tête de Triangle de Silent Hill, tant leur démarche, leur aspect antique, posent une ambiance originale. Décapitation, débitage, crucifixion, ils en ont à revendre, les bestiaux. Il est nécessaire de relever une scène extrême qui sombre dans le ridicule, où une de nos violées est mise en croix. Voyant la lance qui se prépare à la percer au côté, elle lève les yeux et hurle « Dieu, ne m’abandonne pas ! ». Dans ces cas là, Jésus se permet normalement de rappliquer et de foutre une baffe à notre misérable humaine pour dire « Hé Ho, y a le copyright ! ». Mais bon, comme elle meurt, on dira qu’elle est punie. Et c’est tout. Ah si, pour faire encore plus extrême, il y a une scène de torture complètement gratuite qui arrive au milieu du film où un type complètement extérieur à l’histoire torture une femme en lui versant de l’acide sur le ventre façon Shivers avant de lui introduire une souris dans le fondement à l’aide d’un tuyau en verre (Lemmywings, non !). Et c’est vraiment tout. 12 euros ! Heureusement qu’il était d’occase. Sur la jaquette, il y a marqué « A la croisée des Immortels (What ?) et d’Evil Dead (???) », on se demande pourquoi… Pour les Immortels, c’est parce qu’il y a un plan des gladiateurs qui avancent au ralenti, et pour Evil dead, je ne sais pas. Je vous laisse méditer sur « Le renouveau du cinéma italien extrême inspiré des maîtres Fulci et Argento », en rajoutant que ce film, à l’exception des apparitions des gladiateurs, est laid. Une sacrée arnaque, malgré les bonnes intentions. Ne vous fiez donc pas à l’appréciation scandaleusement élogieuse du dernier Mad Movies sur la question, ce film pue le coup fourré malgré la bonne idée de départ. Mais quand les italiens arrêteront-ils de violer les italiennes ?

Voracinéphile
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le 4 déc. 2015

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