Coup de cœur ciné pour un film suédois sorti la semaine dernière sur nos écrans (enfin 27 salles dans toutes la France, ça fait peu) : MORSE. La grande fan de vampires que je suis ne pouvais décemment pas se satisfaire de l'espèce de sitcom qu'est Twilight (que je suis quand même allée voir... oui je sais...), heureusement il existe encore de vrais films fantastiques qui traitent du vampirisme de façon originale. C'est le cas de ce film adapté du roman suédois Låt den rätte komma in de John Ajvide Lindqvist que j'ai gentiment mis sur ma petite liste de lecture. L'histoire se passe dans les banlieues de Stockholm, au début des années 80, on y rencontre Oskar, 12 ans, un gamin un peu paumé entre ses parents séparés et les brimades qu'il subit au quotidien à l'école. Il vit dans une barre d'immeubles où ne tarde pas à s'installer la petite Eli et son « papa ». Eli ne sort que la nuit à peine vêtue de haillons et sent « bizarre ». Elle ne va pas à l'école, n'a jamais froid, et comme Oskar, n'a pas d'amis. Très vite les deux enfants se rapprochent, liés par ce sentiment d'exclusion qui transpire d'ailleurs tout le long du film.
Car au-delà du caractère vampirique de la petite Eli, c'est surtout ceci que l'on retient du film, cette exclusion, cet enferment, induit par le froid, la nuit et quelque part la conséquence du rude climat suédois. Cela donne cette ambiance très particulière, à la limite de la perversion, que le réalisateur induit aussi en plaçant la violence hors champ ou en la filmant froidement, comme une sorte de documentaire animalier.
Le rapport étrange entre mes deux enfants, le jeu subtil des deux jeunes acteurs rend le film très touchant, et laisse une forte impression, même quelques jours encore après l'avoir vu. Les scènes plus crues, sont distillées avec parcimonie et mettent en avant le caractère animal et brutal de la petite Eli sans pour autant tomber dans le gore de bas étage.
Voilà enfin un film fantastique dans le plus pur sens du terme : quand le réel est tout à coup affecté par des choses étranges, mais n'en est pas pour autant remis en cause. L'école, la banlieue, le vieux pub défraîchi, tout ça ne bouge pas, pas plus que l'immobilisme des gens, la routine reprend le dessus...
Une petite bulle d'étrangeté que j'ai adoré découvrir et que je recommande chaudement.
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