En Suède, il n'y a pas qu'Ikea, il y a aussi Morse. Et pour être clair, c'est sans discussions le meilleur film de vampires au monde. Accessoirement, c'est aussi un milliard d'autres très bonnes choses.
Adapté du roman Let the right one in, Morse choisit d'aborder le thème séculaire du suceur de sang par le prisme de l'enfance. C'est là toute la beauté de cette oeuvre cruelle, mélancolique et magnifique. Nos deux héros, alternativement anges et démons, vont s'accepter tels qu'ils sont pour mieux se protéger et s'aimer. L'enfance y est dépeinte de façon extrémement juste, avec tout ce qu'elle comporte de violence sourde, de traumas et de cruauté loin de l'innocence et de la naïveté dont beaucoup trop d'oeuvres se font l'écho mensonger.
Tomas Alfredson, dont on attend des nouvelles, lie le fond à une forme de façon magistrale en cadrant, photographiant et magnifiant la banlieue enneigée et nocturne de Stockholm au point de nous faire provoquer la chair de poule. La beauté et la sobriété de ses scènes envoûtantes ou romantiques (au sens purement littéraire) impactent longtemps après la vision de ce métrage beau comme une trainée de sang écarlate sur la neige. Ajoutons à cela une troublante réflexion sur la question du genre sexué, qui donne au mythe une incroyable et nouvelle profondeur et Morse finit de se poser comme une pierre blanche du fantastique.
Attention cependant à vous méfier des contrefaçons ! Morse à bénéficié d'un remake américain un an après sa sortie. Pas une purge, simplement une pelloche inutile comme Hollywood sait les produire pour son public allergique aux sous-titres. Loin d'enrichir ou de proposer une nouvelle approche, Laisse-moi entrer (oui, les héros sont des enfants mais ça sonne comme un porno...malaise) décalque grossièrement Morse, rajoute de l'anecdotique et enlève une grosse partie de ce qui faisait le charme trouble de l'original. Pas aidé par ses deux jeunes stars têtes à claques (surtout Chloé Grace Moretz), le film bénéficie d'une bonne facture visuelle mais Matt Reeves (Cloverfield et l'excel..