Je n’ai absolument aucune envie de parler de ce film que je trouve terriblement inutile et ennuyeux, ceux que ça agace habituellement ont donc l’occasion de préserver leurs nerfs fragiles en quittant tout de suite cette page avec mes plus plates excuses.


Par contre ce qui m’intéresse ici, c’est de savoir comment j’ai bien pu regarder ça, question que vous avez été nombreux à me poser directement d’ailleurs, voilà l’occasion parfaite pour étudier ce modèle sous ce point de vue-là, un modèle qui servira d’ailleurs pour d’autres films subissant les mêmes légitimes interrogations.


C’est vrai, ça, foutrebleu ! Qu’est-ce qui m’a pris de regarder un truc pareil ? Déjà, moi, les vampires, ça m’emmerde prodigieusement, ensuite, j’abhorre les gosses, cette engeance diabolique et enfin, l’expérience m’a prouvé depuis longtemps que les tentatives de modernisations des vieux mythes à la sauce contemporaine ou presque étaient vouées à un échec quasi-certain.


Par exemple ici, c’est déjà difficile d’accepter une histoire de vampires classique, mais bon, avec un petit décorum londonien dix-neuvième en plein brouillard, deux ou trois calèches mystérieuses et un vieux château dans les Carpates, on s’emmerde, mais au moins c’est sympatoche. Par exemple, je ne vois aucune raison intellectuelle de refuser une invasion extra-terrestre en plein western ou n’importe quand, mais empiriquement, on se rend compte que la pilule est déjà assez difficile à avaler en temps normal, inutile de rajouter des couches au ridicule initial…


Surtout qu’ici, c’est rien de dire que c’est absolument gratuit comme choix, qu’est-ce que ça nous apporte, bordel, de foutre ça dans le Stockholm du début des 80’s ? Je suis sûr que ça a un sens pour le romancier-scénariste, mais s’il veut en convaincre le spectateur, faudra faire un petit effort…


Lorsque Morse est sorti en salles, j’ai absolument zappé son existence, désespéré depuis trop longtemps pour suivre assidument toutes les nouveautés hebdomadaires et de toute façon persuadé en deux lignes de résumé que ce film ne me concernait pas.


C’est pour avoir eu le malheur d’avoir fait, entre mille huit cent quatre-vingt autres, une liste sur les vampires au cinéma que le film a commencé à revenir de façon entêtante dans les écrits de certains jeunes interlocuteurs. J’avais bien compris déjà que le film représentait une sorte de petit film culte générationnel, mais j’ai sur ce genre de film une théorie toute personnelle qui veut que je ne suis pas obligé d’essayer les vôtres et que je vous épargne donc en retour la flopée de ceux de ma génération, même si c’est dommage, vous y gagneriez au change.


A ce moment-là, je n’ai donc aucune envie de regarder ce film et je ne vois pas pourquoi cette prudence qui m’honore devrait disparaitre un jour…


Et puis, j’ai vu La Taupe et c’était non seulement très chouette mais très correctement filmé, du coup, ça distille, si ce n’est le moindre doute, au moins un brin de curiosité.


C’est alors que Pruneau se sacrifie et mate le machin, vu que j’ai plus confiance en son avis que dans celui de de tous mes éclaireurs réunis mettant une note positive à ce film, autant dire que l’envie retombe comme un soufflé mal préparé. En plus, le seul aspect ludique du film semble être de donner envie de rejouer au rubik’s cube et dans la foulée, on a déjà fait le voyage initiatique dans tous les magasins de jouets de la capitale à la recherche du drôle d’objet, même que la jeune Hélice nous montrait le chemin, je n’ai donc absolument plus la moindre raison de voir Morse, moi… en plus, le langage en question je connais, merci, surtout que rien ne justifie son utilisation pour le titre…


Alors j’abandonne, tant pis, et voilà qu’on pique quelques films à un ami et qu’il est dedans, je me dis que je ne vais pas y couper, Madame oblige, heureusement que j’ai toujours cette Taupe encourageante pour me donner des forces… Oui parce que bon, moi, je n’ai pas vos techniques modernes pour trouver les films, sans la galette, tout ça reste au niveau de vœu pieux, ce qui m’arrangeait pas mal d’ailleurs…


Et là, le miracle, il y a presqu’un an, déjà, Madame le regarde sans moi, je me dis que c’est mort, tout seul, je n’aurais jamais la force, pis surtout, j’ai des dizaines de films plus bandants à voir lorsque je suis en solitaire, tant pis, tant mieux, j’aurais presque essayé…


Il y a quelques jours, suite à je ne sais quel film qui ne fonctionnait pas, je revois ce DVD qui traîne depuis un an près de la TV, je suis provisoirement célibataire, je me dis que c’est ma dernière chance d’essayer, la charmante Vega répond après l’émission d’un vague souhait désespéré dû à la vision de Control qu’elle a bien envie de lire ma critique de Morse, du coup je craque, et je la déçois deux fois vu qu’elle a fichu dix et que ma critique évite soigneusement de dire à quel point tout le film me désespère, même si le réalisateur s’en sort bien, et que j’ai eu envie de foutre un pieu dans le cœur du blondinet de la première à la dernière seconde…


Preuve, s’il en était encore besoin qu’il vaut toujours mieux faire confiance à ses a priori qu’aux exagérations d’une mode déraisonnée et fluctuante, m’enfin, c’est aussi la preuve que je fais des efforts, vous ne pouvez pas dire, j’ai même vu Mary et Max, la Planète Sauvage, lu quatre ou cinq horribles Alan Moore à cause de la même faiblesse, je me dis que c’est surtout pour ne plus avoir de commentaires débiles me reprochant de ne pas avoir lu ou vu les deux ou trois désastres que vous considérez curieusement comme indispensables, mais je crois que je vais arrêter, j’ai assez attendu en vain la bonne surprise qui pourrait réfuter mes saintes frayeurs préparatoires pour avoir le droit à un peu de repos…


A moins que…


Si vous avez une petite merveille pour laquelle j’ai une réticence naturelle que vous trouvez illégitime, vous pouvez quand même me la glisser en douce en commentaires, on ne sait jamais, une rechute est toujours possible…

Torpenn
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le 21 août 2013

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Torpenn

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