Je ne savais pas avant de le voir qu'il s'agissait d'une pièce (adaptée) de Bernard-Henri Lévy, et c'est tant mieux car sinon je ne l'aurais probablement pas regardé. Sans doute Danis Tanovic n'est-il pas étranger dans cette (relative) réussite, s'emparant d'un sujet qui lui tient manifestement à cœur : l'Histoire de la Yougoslavie et notamment son « acte fondateur » : l'assassinat de François-Ferdinand par Gavrilo Princip. Bon, c'est sûr que si vous n'êtes pas (comme moi) spécialement familier des événements, pas mal d'éléments et de noms risquent de vous échapper, d'autant que c'est très bavard, prenant souvent le pas sur une action qui a toutefois le mérite d'exister et, surtout, d'avoir du sens.
Il y a des enjeux : s'interroger sur le passé pour mieux éclairer le présent afin d'observer les bouleversements d'une nation sur un siècle, selon divers points de vue sur un sujet manifestement (très) sensible là-bas. Tanovic a le sens de la technique, dont une passion immodérée pour le traveling dont il nous abreuve régulièrement. Si « Mort à Sarajevo » reste réservé à un public assez restreint par son propos et son côté très « intello », il a le mérite d'évoquer un sujet mal connu en France, y intégrant une dimension sociale (la grève des employés de l'hôtel où une grande conférence européenne est censée se tenir) et pouvant compter sur une interprétation séduisante, la belle Vedrana Seksan en tête. Pour ces raisons, malgré le côté légèrement répétitif des scènes et un équilibre pas toujours évident entre les deux récits, l'œuvre peut mériter le coup d'œil.