Toujours se méfier quand un film nous promet une "expérience sensorielle" sans égal. Parce que chaque spectateur a sa propre sensibilité et ne réagira pas de la même façon (et selon sa capacité d'écoute du moment) à des stimuli aussi subjectifs. Alors qu'une histoire solide a plus de chance de s'imposer auprès de tous les publics. Tout ceci pour dire que Mosquito sera incapable de faire l'unanimité : poème puissant pour les uns, pensum fastidieux pour les autres. La vérité, si tant est qu'elle existe, est certainement entre les deux extrêmes. Le film de Joao Nuno Pinto a de grandes qualités, esthétiques par exemple, mais sûrement pas du point de vue narratif avec une plongée au cœur des ténèbres un peu trop similaire à une œuvre bien connue de Conrad et à l'adaptation de Coppola. Mosquito raconte une initiation morale sur deux thèmes bien identifiés : la guerre est une saloperie innommable et la colonisation une tâche indélébile dans l'histoire de l'Humanité. Très bien, mais ceci n'est guère une nouveauté même s'il est toujours bon d'enfoncer le clou. Mosquito le fait avec un certain style mais souffre d'être un livre d'images dans une illustration conceptuelle qui semble assez ancrée dans le cinéma portugais contemporain (du moins celui qui arrive sur nos écrans), comme l'a montré récemment, dans un tout autre genre, il est vrai, Technoboss de Joao Nicolau, qui lui, pouvait se targuer de ne pas toujours se prendre au sérieux, avec un côté ludique). On peut parfaitement passer à côté de Mosquito et le trouver bien trop long dans son développement mais c'est aussi un métrage qui mérite sans doute une deuxième chance, avec les sens plus ouverts, peut-être, pour apprécier davantage l'expérience.