Première partie très intéressante, avec une caméra qui encercle Jennifer Lawrence (moi aussi je l'encercle quand elle veut, mdr) dans cette grande maison au coeur du récit. Tout est presque parfait pendant une heure, même l'arrivée des intrus est bien menée et inquiétante. C'est une prouesse d'intéresser avec une situation initiale d'une telle banalité: un écrivain en panne d'idées, loin du monde, qui a une vie amoureuse et familiale chaotique. C'est pourtant très intense (c'est cool parfois de pas attendre le début du film pendant 30 minutes).
A tel point que je me suis demandé comment on allait tenir comme ça une heure de plus. Aronofsky a dû se poser la même question et
il a décidé de la résoudre par une surenchère absurde, qui porte une métaphore religieuse divertissante mais lourde et un peu hors de propos. Quel est le propos, d'ailleurs? S'agissait-il de tenter le parallèle entre prophète et artiste, et l'admiration que les deux suscitent? Je pense qu'il y a assez peu à en dire, ou alors pas sous cette forme, puisqu'il s'agit d'abord pour l'écrivain, ici, de combler l'éternel besoin d'un artiste de se sentir aimé et compris, et que cette attitude n'a pas grand chose de celle d'un prophète.
Difficile, pour moi, de complètement suivre le film dans son délire tant l'acharnement de l'écrivain à ouvrir la porte à ses fans est déraisonnable. Cette folie messianique qui les touche, lui et ses fans, et le développement quasi surnaturel du film sortent à peu près de nulle part - même si la bonne première heure nous a bien fait entendre que le couple s'ennuyait dans cette maison, que ça nuisait sévèrement à la libido et à l'inspiration de l'écrivain, et que ça allait finir par péter.
Aronofsky a beau y mettre toute la violence du monde, jusqu'à transformer cette maison de campagne en scène de guerre, on s'ennuie finalement un peu dans cette deuxième partie, qui ne consiste qu'en une copie énervée de la première. On y reproduit le schéma de l'invasion étrangère et destructrice dans la maison; mais ça ne marche évidemment pas deux fois, pas même quand on y ajoute coups de fusils et mysticisme.
Quant au personnage de Jennifer Lawrence, elle intrigue mais se dévoile bien peu. Et comme m'a dit un jour une meuf que je voulais et qui me voulait, le mystère c'est excitant mais ça finit par lasser quand on n'arrive pas même un peu à percer au travers. Elle parlait de moi, et je l'ai finalement jamais chopée, sûrement pour cette raison. snif
Il y a une séquence très intéressante sur son désir de maternité. Là-dessus, il y a sûrement quelque chose de plus long à dire, sur elle et son rapport à la maison, qui personnifie la maternité, qu'elle a conçue avec soin, que le monde entier s'efforce de détruire, et qu'elle protège tant bien que mal