L'avant première va commencer. La salle frémit d'impatience, depuis plus de deux heures on patiente, on s'interroge. Et puis Darren Aronofsky arrive, suivi de Jennifer Lawrence, radieuse, lumineuse, belle. Darren nous prévient : "Vous pouvez encore partir."
Le film commence, quel contraste ! Quelques secondes auparavant, Jennifer se tenait devant nous, impeccablement maquillée, souriante, drôle.
Son visage s'étale à présent sur l'immense écran, elle semble inquiète, torturée, malheureuse, délaissée. Le contraste est violent.
Javier Bardem, quant à lui, nous apparaît brut, dur, puissant, indifférent.
Dans un tourbillon de gros plans oppressants, on découvre la vie de ce couple atypique, vivant dans le microcosme qu'est leur immense demeure.
Dans cette maison-monde, des invités désirés-indésirables viennent perturber un paradis instable, qui devient presque utopique.
Et on se sent profondément dérangés par ces intrusions, tout ce que Jennifer Lawrence ressent, nous le ressentons, ses angoisses, ses crises de panique, sa colère sourde et retenue, son sentiment d'injustice et d'incompréhension.
Et puis viens le chaos, l'apocalypse. La maison devient monde. Le monde devient monstre. Infernal. Aucune musique ne vient accompagner la folie qui déferle à l'écran, juste des bruits assourdissants, fracassants, stridents, perçants. Rien ne vient nous aider à traverser cette épreuve. Comme Jennifer, on est seuls.
Puis, sous les ruines le monde renaît. Et là j'ai ressenti un genre d'injustice. Non ! Il n'a pas droit à une autre chance de tout recommencer, il n'a rien fait pour la mériter, rien ! Il a reçu des dizaines d'avertissements, il n'a rien appris de ses erreurs, il a trahi sans cesse, déçu sans cesse.
Et pourtant, on lui en offre une, une nouvelle fois.
Et nous, combien d'avertissements avons-nous déjà reçus ? Combien de chances avons nous encore ?
Mother! est l'une des plus belles allégorie cinématographique que j'ai pu voir jusqu'à présent. Le genre de film dont on se souvient, un peu trop même.