IMPRESSION D'APRES VISIONNAGE
Je vais faire court car chaque mot de trop sera du spoil en bonne et dûe forme.
Je suis toujours étonné du nombre de personnes qui vont voir un film d'Aronofsky (par exemple) en ne sachant pas du tout où ils mettent les yeux.
J'ai entendu à la fin du film quelques-uns de mes voisins s'exclamer "Il a fumé quelque chose lui" ou "il est trop lent ce film".
Pour le premier commentaire, je ne sais que dire, pour le second, je suis obligé de le réfuter.
Il n'y a pas l'espace pour un souffle dans les méandres de cette demeure. Pour elle, nul repos, nul temps mort. On la sent de plus en plus oppressée, au fil du temps qui passe du (quasi) temps réel à quelques heures. Ces cadres où le visage emplit l'écran ajoute au sentiment d'oppression.
Le jeu des acteurs est pertinent et sert au mieux l'histoire, pas de place pour l'improvisation.
Ce film est couillu, #jusquauboutiste , intransigeant, une bonne tarte dans la ganache, juste de quoi te rappeler ce que peut aussi être le Cinéma.
(SPOILER ALERTE, CECI N'EST PAS UN EXERCICE)
Tout simplement, il s'agit d'une métaphore de l'amour maternelle.
Sérieusement, il y a vraiment des spectateurs qui prennent toute cette folie pour argent comptant ?
Alors, au début, je veux bien. On peut simplement se dire que Ed Harris et Michelle Pfeifer sont simplement sans gêne. Mais après, la folie de l'affrontement fratricide ou la veillée funèbre devrait un peu alerter les plus étourdis (endormis ?), non ?
Cette mère qui aperçoit a travers les murs son coeur se consumer et qui contre vents et marées continue à vouer un amour aveugle à celui qu'on pourrait prendre pour son compagnon et qui n'a de cesse de s'éloigner d'elle au risque de l'abandonner. Les Autres se l'accaparent, elle a tout (re)construit autour de lui (Javier Bardem) pour lui permettre d'écrire, autrement dit s'épanouir.
Au final, on lui «arrache» littéralement (et évidemment encore au sens figuré) son enfant des mains. Une fois qu'elle s'est «consumée» pour Lui et qu'elle n'a plus rien à Lui donner.
Il lui demande tout de même, une dernière chose. Son amour qui se «cristallise» au creux de ses mains.
Cet amour qui lui permettra de (bâtir) commencer sa nouvelle vie.
Car comme le dit Michelle Pfeiffer :
«
On ne peut le comprendre que quand on est mère. On leur donnne tout
mais ça ne suffit jamais !
»
Ps : Comme d'habitude, je me réserve le droit de modifier mon sept en huit par exemple.
PS 2 : Je ne conseille ce film qu'aux Aronofskyens purs et durs, ceux qui n'auront pas peur d'aller au delà des apparences.
PS 3 : Voilà ce que Scorcese en dit :
“Avant de voir Mother !, j’étais extrêmement perturbé par toutes les commentaires sévères sur le film. (…) Beaucoup de gens ont eu l’air de prendre plaisir au fait que CinemaScore lui a donné un F. C’est même devenu un sujet de news. (…) Après avoir vu Mother !, j’ai été encore plus perturbé par cette hâte dans le jugement et c’est pour cette raison que je souhaitais partager mon opinion. Les gens ont l’air assoiffés de sang, tout simplement parce le film ne peut pas être réduit à une description de deux mots. Est-ce un film d’horreur, ou comédie noire, une allégorie biblique, une fable morale sur la catastrophe écologique ? Peut-être un peu de tout ça, mais certainement pas une seule de ces définitions. Un film doit-il être expliqué ? Que faire alors de l’expérience que procure la vision de Mother ! ? Le film est si physique (“tactile”), si magnifiquement mis en scène et interprété. (…) L’horreur, la comédie noire, les éléments bibliques, la fable morale – tous ces éléments sont là, et composent ensemble une expérience totale, qui absorbe les personnages et les spectateurs avec eux. Seul un véritable cinéaste, un cinéaste passionné, pouvait faire ce film, qui m’accompagne encore, des semaines après.”