Mother! : déçu par Aronofsky

Je suis allé voir en fan le nouveau Aronofsky (Black Swan, Requiem for a Dream, The Wrestler...). Je ne suis pas d'accord avec les critiques pro qui parlent de film "où tout est possible, donc rien n'est tenu", ou de film prétentieux ou racoleur. Or on sait qu'Aronofsky a pu faire des films très intellectuels (Pi, The Fountain), ce n'est pas le cas ici. Le film est un huis clos plutôt simple, peu de personnages centraux, l'histoire se tient, et j'apprécie cette humilité. Je n'ai vraiment pas détesté, je dirais même que le film serait très bien en format nouvelle, une bonne petite parabole sur la création, ceci dit ça ne tient pas en haleine pendant deux heures entières.

Comme l'ont signalé des critiques, à un moment j'ai pensé à Harry "Un ami qui vous veut du bien", film excellent sur un ami/fan qui veut aider son héros. Mais si le film Harry arrivait à installer un vrai malaise en peignant avec brio les heurs et malheurs de la relation soigneur/soigné, admirateur/admiré, là il n'y a aucune scène qui sème le doute, où on pourrait se demander si le fan veut ou non vraiment du bien à son héros, ou est juste un flatteur / manipulateur / cinglé codépendant.

En tant que petite parabole sur la création insatiable et vorace, il y a des images fortes, qui rappellent la violence de Black Swan, mais on ne trouve pas les oppositions sublime/ridicule qui faisaient avancer l'intrigue du magnifique Le Créateur d'Albert Dupontel.

Bref je me suis assez ennuyé, mais Aronofsky, il me semble, offre un beau cadeau à sa compagne, j'y vois une fable sur l'hybris du Créateur qui trop pris par la flatterie de ses fans en oublie l'essentiel, ce qu'il doit à sa muse. J'hallucine que des critiques ici crient une fois de plus à la patriarchie, aux "schémas dépassés" et misogynes. Ce film est un bel hommage d'un créateur à sa muse.

Les fans d'Aronofsky ont forcément vu ou verront Mother!, les autres, sachez que ça ne casse pas trois pattes à un canard, mais c'est un bon petit film de genre, assez drôle dans sa progression du couple qui s'ennuie au grand-guignol total et assumé. Gros point positif, la fin est cohérente et répond aux questions que le film avait ouvertes.