La seule séquence qui arrache un sourire à Mouchette est celle où, une femme lui ayant donné un jeton pour faire de l'auto-tamponneuse, elle se retrouve attaquée de toute part, notamment par un homme. Elle tente de rendre certains coups mais la plupart du temps, on la voit violemment secouée : les coups, ce n'est pas ce qui la gène, d'autant que pour une fois, il s'agit de s'amuser... seulement même dans le divertissement, elle doit accuser le coup... Elle reviendra vite sur terre lorsque, à peine sortie de l'auto, suivant timidement cet inconnu, son père lui fout une gifle. A part cette petite parenthèse "de plaisir", Mouchette passe son temps à être brimée.
C'est le récit de la vie d’une enfant dont le destin se réduit à la rencontre quotidienne du mal physique personnifié dans sa mère malade et du mal moral qui se manifeste sous toutes ses formes chez les humains et culmine dans la figure d’Arsène qui la traite comme une bête de proie.
Film naturaliste d'une noiceur et d'un fatalisme implacable. Puissance de la démarche dans ce désespoir complet en l'humanité. Le geste final tragique de Mouchette est le cri ultime de l’enfance humiliée et bafouée.