Moulin Rouge est le pendant de Freud, il est au mélodrame ce que Freud est au film noir, à savoir une reformulation personnelle dérivant d’un genre préétabli ici construit sur le format serré d’une vie réelle connue, Freud d’un côté, Toulouse Lautrec de l’autre.
En jouant avec les codes esthétiques de ces deux genres, Huston décale la biographie qu’il manipule afin de faire rentrer ces deux existences dans son propre cinéma. Freud et Lautrec, dans le plan, ne sont plus eux (le eux réel), mais leur redéfinition hustonnienne. Un peu ce que fera Sofia Coppola avec sa Marie Antoinette par exemple.
C’est vraiment la belle réussite de ces deux films, parvenir à faire de l’histoire d’un autre sa propre histoire. Car dans les deux cas, il y le ciment de l’œuvre de Huston : la trajectoire d’échec. Ici Lautrec superpose sa réussite artistique à l’échec irrémédiable de sa propre existence, notamment l’échec de sa vie sentimentale. Comme ça sera le cas d’Albert Finney dans Under the volcano, Lautrec se noie dans l’alcool et fini comme un moins que rien, avec d’un côté le ravivement ultime de ses propres souvenirs (des images qui auront fondé son œuvre, et d’un autre côté, qui l’auront à la fois construit et détruit à lui). Huston, dans un technicolor sirkien flamboyant, sous la musique du cancan, oppose comme il l’a toujours fait, la réussite (ici totale) d’un œuvre avec l’échec de son créateur. « Vous n’auriez jamais dû me rencontrer, je ne suis pas à la hauteur de mon œuvre ».
Teklow13
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le 19 nov. 2012

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