Essayer de raconter de façon exhaustive les trois ans d'un conflit aussi complexe que la Guerre d'Espagne en 1h20 est une gageure, voire une impasse. C'est se condamner à être schématique, ou superficiel. Rossif semble avoir contourné le problème en prenant le parti des images contre celui du récit.
Si le commentaire, très factuel, est parfois un peu démodé (légèrement théâtral, et entrecoupé d'inévitables moments poétiques d'"émotion"), on l'oublie finalement assez vite pour se laisser submerger par les images. Et sur ce point là Rossif est imbattable, tant par ses choix (notamment les sublimes images de Roman Karmen) que par son montage inventif et nerveux. On est lâché en plein coeur de l'enfer, les combats se succèdent, à la fois monstrueux et monotones, les cadavres s'amoncellent, les villages s'effondrent, l'espoir recule, recule, et meurt.
Finalement, cette omniprésence de la caméra au milieux des combattants des deux bords souligne surtout qu'à partir du XXeme siècle, les frontières entre la fiction et la réalité n'ont plus lieu d'être - désormais on ne fera plus la guerre sans en faire des images. Tuer, tourner : même combat.