L’œil du lion de la MGM s’affiche lentement sur l’écran noir et illumine le visage de spectateurs impatients de découvrir, après moults rendez-vous manqués, la suite et fin des aventures de James Bond interprété par Daniel Craig. Dès les premières minutes, le ton est donné à travers un flash back enneigé. Toute la dramaturgie d’une scène de western se met en place devant nos yeux. Mourir Peut Attendre sera sous l’augure d’une vengeance familiale. Une tragédie grecque revisitée. En outre, un film à l’ancienne, où les vieux mythes se confrontent aux modernes.


Succédant à Martin Campbell et Sam Mendes, Cary Joji Fukunaga, remarqué pour son travail de réalisateur sur des projets du petit écran comme True Detective et Maniac, inscrit le personnage de James Bond dans la continuité scénaristique et dramatique de ses prédécesseurs, tout en se détachant de l’aspect réaliste que nous avait proposé les films allant de Casino Royal à Spectre, pour revenir à une aventure remplies de gadgets old school. Cet opus final, fait le lien entre le film d’espionnage classique, proposant un best of archétypal du genre: un antagoniste mégalomane, une île secrète, ancienne base soviétique de la seconde guerre mondiale, une arme biologique destructrice et une pluie de missiles ; et le film d’action moderne ; James Bond étant le parfait représentant de l’air de son temps. Daniel Craig a offert au personnage, une densité émotionnelle et des faiblesses morales pour l’élever au rang de héros masculin du XXe siècle. Mourir Peut Attendre, témoigne de l’achèvement de cet arc à travers un dénouement final (in)attendu, qui sème le trouble chez le spectateur. Le cœur serré, une question se pose: le film trahit-il notre personnage ou en offre t-il une vision nouvelle ?


Si l’une des choses que nous a bien appris cette saga, c’est qu’elle a la capacité de nous étonner, de sortir de sa zone de confort pour offrir un spectacle exigeant et toucher le spectateur en plein cœur. Bien que pourvu d’un scénario mécanique, Mourir Peut Attendre ne déroge pas à la règle. Pendant 2h45, les morceaux de bravoure s’enchaînent à un rythme effréné. Sur la terre, sur l’eau, dans l’air, à pieds, en 4x4, à moto, ou en avion, les personnages défient la gravité mais restent bel et bien des héros de par leur humanité.


Pleinement inscrit dans son époque, cet ultime épisode en synthétise le meilleur comme le moins bon. De la remise en question de la figure du héros, en passant par une esthétique souvent trop lisse, à l’arrivée de seconds rôles féminins forts et originaux, James Bond tire sa révérence avec panache. Déjà, l’écran redevient noir et une pointe de mélancolie nous touche.

hyacinthe02
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films avec Ralph Fiennes et Les meilleurs films de 2021

Créée

le 9 oct. 2021

Critique lue 178 fois

2 j'aime

Critique lue 178 fois

2

D'autres avis sur Mourir peut attendre

Mourir peut attendre
B_Jérémy
8

...Il était une fin !

Quel crime ai-je commis avant de naître pour n'avoir inspiré d'amour à personne. Dès ma naissance étais-je donc un vieux débris destiné à échouer sur une grève aride. Je retrouve en mon âme les...

le 7 oct. 2021

133 j'aime

121

Mourir peut attendre
Ugly
5

Au fond, ce n'est qu'un numéro

Le voila enfin ce dernier Bond de Craig ! Après s'être fait attendre plus d'un an pour cause de covid, sans cesse repoussé, mon attente était énorme, il fallait que cet arc Dan Craig finisse en...

Par

le 12 oct. 2021

126 j'aime

172

Mourir peut attendre
Star-Lord09
7

Un Bond ne suffit plus (no spoilers)

Que l'on prenne l'ère Craig par n'importe quel bout, on peut difficilement y voir une forme de tiédeur de la part de ses producteurs. Les prises de risque sont bien réelles et les méthodes de...

74 j'aime

26

Du même critique

Candyman
hyacinthe02
4

Gentrifié, vous avez dit gentrifié ?

Connaissez vous la gentrification ? Un processus par lequel la population d’un quartier populaire, souvent apparenté à un ghetto, se fait remplacer par une population plus aisée. Eh bien, Candyman,...

le 2 oct. 2021

6 j'aime

2

Spider-Man: No Way Home
hyacinthe02
2

Brassage de vide.

Ça y est, l’alliance Marvel/Disney a ouvert la boîte de Pandore. L’heure est désormais aux multiverses ; concept selon lequel plusieurs univers parallèles au nôtre existent. Dans cet énième opus de...

le 23 déc. 2021

5 j'aime

2

Si tu savais...
hyacinthe02
6

Amour Légitime.

Dans la jungle des productions assermentées « original netflix », des genres commencent à se démarquer des autres : le thriller, le film d’horreur/épouvante, le tir-larmes turc et… le...

le 7 mai 2020

5 j'aime