Des teen-movies, le cinéma américain nous en abreuve à la pelle depuis quarante ans. De l’époque de John Hugues et son « Breakfast Club » à celle de « Amercian Pie » en passant par une quantité importante de films généralement oubliables car se ressemblant tous comme des photocopies, il y en a une sacrée ribambelle. La plupart versent fortement dans le cinéma sentimental adolescent à l’eau de rose et/ou l’humour potache mais il faut avouer que certains sortent cinématographiquement du lot. On pense à « Lolita malgré moi » ou « Sexe intentions » et à quelques pépites provenant du sérail indépendant comme le moins connu et sublime « Le monde de Charlie » ou « Virgin Suicides ». De voir débarquer sur Netflix un film de ce type avec du fond et un propos novateur et contemporain est une gageure. Surtout dans ce genre formaté et peu ambitieux, trop souvent destiné à combler des midinettes peu regardantes.
« Moxie » est donc plutôt une bonne nouvelle et une bouffée d’air fraîche au sein de ce sous-genre typiquement américain, malgré quelques essais peu concluants à l’international. C’est l’humoriste américaine bien connue là-bas, Amy Poehler, qui réalise. Si sa mise en scène est juste illustrative et appliquée, son scénario sort (gentiment) des sentiers battus et embrasse avec force une thématique dans l’air du temps : le féminisme et donc l’égalité des genres et la fin de l’omerta sur les violences faites aux femmes, quelles qu’elles soient. Avec bien sûr le spectre du mouvement #metoo en étendard. Alors bien sûr tout cela arrive de manière quelque peu opportuniste et aurait été bien plus virulent et corrosif il y a cinq ans mais on ne peut occulter les bonnes intentions du script et de sa réalisatrice. Le propos est plutôt bien amené et cette révolution féministe au sein d’un lycée est amusante, intéressante et surtout juste.
En effet, les personnages sont plutôt bien écrits et sortent des caricatures et clichés propres à ce type de films aux codes bien établis. C’est donc une gageure non négligeable et les situations sont du même acabit. Il y a beaucoup de vérités dites sur la condition féminine actuelle et les problèmes vus dans « Moxie » sont encore trop souvent mis de côté. Du plus anodin au plus grave d’ailleurs. On apprécie donc le côté revendicatif et partisan, et clairement féministe donc, véhiculé ici. Mais le problème c’est que parfois Poehler n’y va pas avec le dos de la cuillère et martèle son message plus que de raison. Pareillement, elle semble vouloir traiter le sujet sous toutes ses formes et s’égare un peu. On a l’impression d’assister au petit récapitulatif illustré en images de ce que peuvent subir les lycéennes au quotidien. « Moxie » est donc un peu démago et force sur son sujet mais il n’en demeure pas moins un teen-movie à la fois nécessaire mais aussi agréable et convaincant. Et surtout plus intelligent que la moyenne du genre.
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