Mr. Hublot est une bonne illustration d'une déconstruction-reconstruction réussie – le monde de l'animation en est déjà une en soi, mais le court-métrage prend à cœur de représenter quelque chose de méconnaissable pour nous qui sommes en trois dimensions et dans le monde actuel. L'univers sur lequel repose l'histoire est soigné, et on sent que beaucoup a été consacré à sa seule conception.
Le personnage en lui-même est presque brillant ; plus machine qu'humain, tout comme la ville autour de lui est plus dystopique qu'utopique, on ne voit pas ce qui va nous attacher à lui avant de voir qu'il a des TOCs. C'était audacieux de le laisser montrer par le biais de l'animation, et c'est diablement bien réussi, avec la dose d'humour mignon et bien placé qui vient en conclusion. C'est attachant sans pousser le spectateur vers le gouffre de l'apitoiement.
Malheureusement, la seconde moitié de la petite œuvre m'a laissé sur ma faim ; l'intrigue se joue sur une longue période de temps que le film est obligé d'accélérer – et il passe beaucoup de temps à... montrer le temps passer –, et l'empathie obligatoire pour contrebalancer le glauque quasiment jodorowskyen qui règne sur la ville n'arrive pas à égaler ce qu'il y a de plus désagréable en elle ; elle demeurera glauque, et la relation entre les deux protagonistes (Mr. Hublot et son chien) demeurera un îlot de résistance passive, encore que... Ils sont bien mécaniques aussi. Il y a quelque chose de désolant à voir des personnages qui sont des victimes inconscientes, voire indifférentes,
et qui même dans le happy end ne vont pas mieux s'émanciper
.
Mais un truc ressort quand même du visionnage : c'est créatif et c'est mignon. Le mélange de chaleur humaine (ou mécanique ?) avec le petit monde de Mr. Hublot aura le grand mérite de faire chaud au cœur, car n'aspire-t-on pas tous à être soi-même sans pour autant changer le monde ?