Film vu et revu que je n'ai jamais su noter, aujourd'hui je m'y essaie : Mr. Nobody est un film incroyablement dense. Sa construction peut déjà en témoigner, (casting américain, réalisation Belge, origines belges Françaises Allemandes et Canadiennes selon Dieu-Wiki). Mr. Nobody fait partie de ces rares films dont les origines m'intriguent. Jaco Van Dormael a passé 7 ans au scénario. Selon ses propres mots, "7 ans tous les jours de 10h à 15h30". C'est sans doute un peu hyperbolique, mais ça n'en demeure pas moins assez incroyable. Mais valait-ce le coup ?
Le travail d'écriture se retrouve forcément sur le résultat : le film dépasse les deux heures mais on comprend vite que le temps nécessaire à explorer son sujet est infini. Le film s'élance dans plusieurs sujets, sous différentes formes, pour illustrer au mieux cette possibilité d'infinité. Et ça déboite
Le choix a toujours été un thème important pour Dormael. Mr Nobody transpire par tous les pores de ses plans du principe. On retrouve ainsi pour chaque choix, une vie différente qui en découle, avec des thèmes différents, et une esthétique différente. Pensons par exemple aux plans flous du Nobody marié à la Chinoise, qui semble n'avoir aucun contrôle sur sa vie ; ou encore aux plans sombres dans la chambre avec la blonde hystérique. On peut aussi faire pareille sur les thèmes, avec l'effet papillon, la fuite, la décadence, la solitude, religion, physique, etc. etc.
C'est marrant parce qu'on dirait que Dormael, pour illustrer cette idée de la responsabilité du choix, aurait décidé de n'en faire aucun : il sélectionne pas un genre ; un style ; un thème : il explore tout, dans tous les sens, et ça peut donc forcément nous perdre en route. On comprend mieux les 7 ans d'écriture.
Au final, Mr Nobody vaut clairement le coup. On peut lui reprocher de s'éparpiller dans tous les sens ; mais on peut aussi défendre cette idée de la volonté de son réal' à ne pas entraver son imaginaire. On peut aussi s'énerver contre l'interprétation que l'on peut faire. Les films à interprétations ont souvent un certain lot de possibilités cohérentes ; et on en préfèrera une à une autre. Les interprétations de Nobody se contredisent les unes aux autres (on peut donner l'interprétation d'une big Crunch permettant à Némo de vivre chaque choix ; mais ce serait oublier l'aspect religieux du début. Les exemples sont infinis). Mr. Nobody est, sous cet aspect, frustrant.
Mais le filme st un exercice réussi. Si on est assez ouvert d'esprit pour imaginer que ses incohérences sont volontaires et les rattacher au propos principal (voire même maladif) de son auteur à savoir - le choix -, on tient ainsi sans doute le seul élément cohérent du début à la fin, et Mr Nobody prend alors un sens qu'on ne peut qu'apprécier.