J'adore les films qui gravitent autour de l'enfance : ses rêves, sa folie, ses espoirs, ses écorchures et ses fulgurances énergiques.
Imaginons l'histoire de Dormael débarrassée de ses saillies intello-psycho-métaphisiques. Imaginons juste que nous entrons l'espace d'un instant dans l'esprit d'un enfant soumis à un choix impossible. Soumettons-nous avec lui à la tension insupportable des tout et de leurs contraires. Fuyons avec lui vers les différentes pistes possibles auxquels il s'exposerait "si..." il faisait tel ou tel choix. Et enlevons tout le reste.
Mais, il faudrait que ces pistes soient vraiment celles qu'imaginerait un enfant de 10 ans et non, comme c'est le cas de Dormael, celle qu'un adulte croit qu'un enfant imaginerait... J'ai vu pour ma part la version de 2h40 celle qui me semble la seule retranscrire la patte de son auteur, eh bien croyez moi... un film de 1h40 au plus aurait suffit à rendre plus touchante cette version contemporaine d'un "Alice aux pays des merveilles" masculin. Ce petit Nemo qui face aux conflits des tensions contraires, se réfugie dans l'immatérialité psychique toute puissante pour éviter de voir son moi morcelé (au propre comme au figuré).
Les enfants ne jouent pas uniquement pour se distraire mais aussi pour se construire et s'éprouver au monde sans risque. Nemo est un enfant qui joue à être mille lui-même différents pour une seconde qui dure une éternité. Cette notion de jeu aurait donné une respiration bien différente à ce film où l'esthétique finit par l'emporter sur un propos bien embrouillé...
Mais croyez moi, voyez le quand même. On sait jamais, vous pourriez l'aimer.. ou presque !