Si vous souhaitez une critique simple, claire et objective, je vous conseille celle de Torpenn, qui répondra certainement à tous vos souhaits. Ce que je vais chercher à comprendre dans la mienne, c'est pourquoi j'ai autant adoré ce film.
Je ne devrais pas. Je suis un connard. Un misanthrope de la pire espèce. Un pessimiste pathologique. Un déçu de la démocratie, comme de mille autres idées. Un asocial définitif, un paresseux indécrottable, un alcoolique désespéré. Une épave qui se déteste autant qu'elle déteste le monde, et ne souhaite l'apocalypse que parce qu'elle veut avoir raison et qu'elle ne possède pas ce qu'il faut pour être suicidaire.
En plus, je trouve cette pellicule loin d'être parfaite. Que ce soit au niveau de la réalisation, des dialogues, du scénario ou des personnages, la première heure m'a souvent ennuyé ou révolté, tant je la trouvais grossière et prévisible (je me voyais déjà subir l'opprobre de mes éclaireurs en attribuant un cinglant 3 à un de leurs supposés chefs d'œuvre).
Mais un déclic s'est produit lors de la seconde moitié.
Il existe plusieurs sortes de films que j'aime plus que tout. Ceux qui sont irréprochables cinématographiquement parlant et qui me caressent dans le sens du poil intellectuel (Apocalypse Now, On Achève Bien les Chevaux, Le Miroir, Network, les bons films noirs etc...), ceux qui me font rire jusqu'à en oublier toute considération extérieure (me viennent à l'esprit les deux merveilles de Lubitsch, Ninotchka et Jeux Dangereux), et ceux qui se fraient lentement mais surement un chemin dans mon cœur.
Parmi ceux-là se distinguent ceux qui parlent avec une sensibilité qui me frappe de sujets qui me tiennent à cœur. Je pourrais citer Apportez Moi la Tête d'Alfredo Garcia, qui représente à mes yeux la plus belle expression de la révolte contre la fatalité du destin à mes yeux.
Et il y a les films génialement humanistes. Ceux-ci se comptent pour le moment sur la main d'un lépreux (Barberousse, Mr. Deeds et celui-ci) et possèdent une chose, sur laquelle je n'avais pas réussi à mettre la main jusque là, qui les rend fantastiques. Leur qualité réside dans le fait d'être à la fois sublimement proche de la réalité et pourtant si loin d'elle.
Mr. Smith au sénat est ainsi autant une fiction consciente de l'état politique des choses qu'une vision "bigger than life" comme disent les anglo-saxons. Sauf que, par le talent de capra, elle n'est pas seulement "plus grande", elle est surtout "plus belle" que la vie.
Et cela me suffit largement, à un tel point que j'ai dû retenir mes larmes devant la beauté du spectacle puisque je n'étais pas seul dans la pièce?