Big Ben sonne les cloches en passant de la chauve-souris au loup

Avertissement : si vous n'êtes pas pas prêt à accepter les scénarios volontairement tarabiscotés et les coups de théâtres improbables , vous mettrez plus vraisemblablement un 3 ou un 4 à ce film alors que la note décernée ici en est le double. Car on y voit tout de même un Asperger asperger des mercenaires de balles. Après avoir accepté l'angle assez original du film on a à faire à un polar bien pensé , étrangement à mi-chemin entre Un Enfant Attend et la saga Jason Bourne avec un soupçon de Sidney Lumet. Ça part un peu dans différentes directions mais l'ensemble est agréable.
La beauté du film réside dans le fait qu'il n'y ait pas de héros mais plutôt des antihéros qui s'affrontent. En effet nous avons droit à un duel entre les deux derniers acteurs qui interprètent Le Punisher et Batman, respectivement. Il y a plusieurs coups de théâtres et il n'y en qu'un seul qui est vraiment très mode et qu'on retrouve un peu trop ces derniers temps, notamment dans 007 Spectre ou la série Luke Cage. Il gâche à peine le plaisir mais il n'a pas d'utilité à proprement parler.
Ben Affleck endosse le rôle à la manière dont il a endossé celui du justicier chauve-souris , avec un relatif non-jeu . Aurait-il accepté ses limites et trouvé son style ? En parlant de limites du jeu d'acteur, elles trouvent leur expression pleinement dans celui de Cynthia Addai-Robinson. Toutes ses expressions sont basiques, presque caricaturales. D'autant plus voyantes qu'elle donne souvent la réplique à J.K. Simmons, qui est à son niveau habituel, encore un acteur qui a joué dans une adaptation de comics. Au passage, il y a plusieurs clins d'œil au fait que tout ce beau monde joue dans des films de super-héros. Par exemple deux concernant Ben Affleck et le fait qu'il joue Batman : Mr Wolff collectionne les Action Comics et récite une comptine à propos de Solomon Grundy. Preuve aussi que le film est hors temps, que parfois il se déguise en abstraction, comme la peinture de Pollock, à laquelle il est fait référence constamment. En revanche le choix de l'autre actrice principale est une belle trouvaille et donne un côté réaliste à un film qui ne l'est pas. Ici on navigue constamment entre une recherche d'ancrage social et la volonté de donner du souffle à une histoire qui passe la limite du plausible.
Étonnamment, les troubles dont est atteint Christian Wolff pourraient vraiment le pousser à agir de la sorte. Pour exemple, et faire un parallèle, le comportement véritable de Michael Burry que l'on retrouve dans The Big Short. Il a du mal à comprendre les autres personnes et les codes de valeur de la société mais possède le sien propre avec lequel il ne transigera pas .
Un film qui ose beaucoup de choses tout en montrant du recul par rapport à lui-même et se permet même un plaidoyer pour les enfants autistes. Et apparemment il ne faut pas trop les pousser.
Une agréable surprise dans le domaine des thrillers qui ne se posent pas de limites .

Fiuza
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le 29 oct. 2016

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Fiuza

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