Mud est ce film qui parle des amours avec du sang, de la poussière et de la cruauté.
Il n'est pas si différent de Take Shelter. Au premier abord, il est moins quasi-paranormal, plus proche du réel; mais c'est sur la durée qu'on dénote ce mysticisme (parfois ce symbolisme) faisant de Mud non seulement un film propre à Jeff Nichols, mais aussi le meilleur film du réalisateur américain.
Les prestations sont absolument brillantes, particulièrement celles des deux enfants. Le casting est fascinant et l'accent de Matthew McConaughey remplit plus que parfaitement son rôle. Tye Sheridan, à n'en pas douter, sera demain un très grand acteur. La photo sait placer quelques lens flares là où il le faut, et les images du Mississippi vivent sous nos yeux, certains plans rappelant même Terrence Malick. David Wingo, comme sur Take Shelter, achève de donner au film l'atmosphère qui lui convient, utilisant le silence aux moments opportuns et jouant raisonnablement plus sur les ambiances que sur les mélodies (comme à son habitude).


Mud parle donc de tous les amours, de l'amitié aux parents en passant par l'Amour avec un grand A, de la religion ou de l'attachement aux objets, au foyer, mais en parle d'une manière rarement vu au cinéma; c'est précisément ce qui lui permet de traiter du sujet avec la plus grande justesse possible et d'émouvoir bien plus efficacement que n'importe quelle comédie romantique à l'eau de rose. C'est là le tour de force du film: l'émotion. En voyant l'affiche de ce film pourtant, qui pourrait imaginer cela? Les événements s'enchevêtrent de manière transparente et la narration s'étoffe discrètement pour prendre une certaine complexité avec laquelle Nichols est très à l'aise. C'est une histoire des amours où on ne trouve pas de violons, à peine de baisers, pas d'embrassades. Pourtant, on pleure.
Jeff Nichols reste cependant un peu trop académique, les plans fixes assurant néanmoins une lecture très propre. C'est peut-être la touche finale qui manque cruellement à ce film, différent dans le fond, mais pas suffisamment dans la forme. Quelques situations grossières viennent aussi entachées légèrement le tableau, mais elles sont plutôt astucieusement rattrapées (la relation parfois improbable entre May Pearl et Ellis, par exemple).

Jeff Nichols comme Tye Sheridan sont deux prodiges que révèle Mud. J'ai hâte de voir ce qu'ils nous réservent. En attendant, allez (re)voir Mud.
bardada
8
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Créée

le 1 mai 2013

Modifiée

le 3 mai 2013

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bardada

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