La boue, c'est chouette

Mud, c'est la boue. C'est ce que ça veut dire. C'est comme ça qu'on traduit le mot en français. Et c'est aussi le nom du héros du film de Jeff Nichols.

Mud, c'est avant tout une histoire simple, mais une histoire belle faite d'amour et d'amitié, de chagrins et de souffrance, de violence et de vie. C'est l'histoire de Mud, un Matthew McConaughey asocial comme il sait si bien le faire depuis son — gros — passage à vide qui lui a permis de passer de playboy de comédies romantiques à acteur à part entière. Il est un type du coin, qui a grandi en Arkansas. Un mec à qui tout n’a pas été donné à la naissance et qui a du se battre plus souvent qu’à son tour pour gagner ce qu’il méritait. Mud, c’est un type qui en dépît de toute la bonne volonté dont il peut faire preuve, essuie des revers contre lesquels il demeure impuissant.

Mud, c’est cette histoire d’amitié qui se lie entre le sociopathe violent et le jeune adolescent que rien n’effraye et qui cherche à se construire dans un monde rempli d’incohérences. Les gens ne font pas ce qu’ils disent et ne disent pas vraiment ce qu’ils pensent. Ellis, lui, essaye pourtant d’être droit. Il fait confiance. Il veut aider les gens qui s’aiment, mais tout n’est pas toujours simple.

Mud, c’est une façon sans artifice de raconter des choses qui paraissent authentiques. 400 locaux impliqués, la plus grosse prod’ jamais tournée dans l’État, ça doit aider.
Mud, c’est un film qui montre ce que les États-Unis, quand ils veulent servir autre chose qu’une soupe blockbuster sans saveur, ont de si beau. C’est l’Arkansas — De Witt, Lake Village, Croketts Bluff, Stuttgart, Dumas, des villes franches, caractéristiques, rugueuses —, le Mississipi. Des décors si proches et si lointains. C’est la pauvreté des gens de là-bas pour qui la vie sauvage est précieuse. C’est même d’ailleurs pour eux tout ce qui compte. C’est la famille, ou ce qu’il en reste. C’est l’éducation. Ça et quelques autres choses. C’est dur. Un peu poisseux.

Ce sont des valeurs. Des trucs qui font vibrer et s’attacher à des hommes et des femmes qui en ont gros. Qui donnent tout. Imparfaits, vaillants, amochés, indécis...

Ce n’est pas bien important, ce n’est pas non plus indispensable. C’est comme tout. Sans torp de prétention. Sans trop d’informations. Mais c’est tout de même mieux malgré tout de le voir que de s’en passer. Surtout en 2013.