Stand by Mud
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Dans une Amérique profonde, presque intemporelle, celle des motels miteux, des parkings de centres commerciaux où se réunissent le samedi soir les jeunes du coin, des zones industrielles presque désaffectées, du chômage et de la pauvreté chronique, Jeff Nichols raconte l’histoire d’une amitié entre deux gamins et un marginal, délinquant au grand cœur, sublime clochard, campé par un Matthew Mc Conoghey étonnant. En effet, on avait plutôt l’habitude de le voir en jeune premier dans des comédies romantiques bas de gamme, jusqu’au dernier Friedkin, où l’on commençait à comprendre que cet acteur avait certainement été sous-exploité tout au long de sa carrière. Mud nous montre qu’effectivement son talent a souvent été gâché.
Le film nous fait souvent penser à « Stand By Me » en tant que film d’apprentissage, de passage de l’enfance innocente, à la réalité des sentiments adultes. On y retrouve également du Clint Eastwood, de par le rythme, la manière délicate de poser le décor, de décrire minutieusement ses personnages, leurs complicités improbables et leurs obsessions de la recherche de la figure paternelle (Million Dollar Baby, Un Monde Parfait, Gran Torino…). La tendresse dont fait preuve Nichols pour ses personnages est également particulièrement touchante, on les aime, on refuse que le destin tragique qui semble les poursuivre s’accomplisse.
Nichols nous avait déjà impressionnés avec « Take Shelter », il confirme qu’il est un réalisateur de talent avec Mud. D’ailleurs l’atmosphère pesante de son premier film est également perceptible dans ce film, le ciel est souvent gris, le temps parait lourd, l’orage n’est pas loin d’éclater, conférant à Mud, une certaine tension sourde, mais qui ne réussit pas à l’emporter sur l’impression de sérénité générale qui enveloppe l’œuvre. Filmé sur un rythme lent, apaisant, contemplatif, Mud plante son décor et construit son intrigue doucement, s’étire tel le Mississipi, élément central du film, les personnages s’étoffent, l’intrigue se noue paisiblement jusqu’à la scène finale, toute en tension retenue. Film d’une beauté formelle, au sens noble du terme, l’Amérique profonde est magnifiée par la caméra de Nichols. Un classique.
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Créée
le 6 sept. 2015
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