Mufasa: Pas un rugissement mais un doux ronron

N'ayant pas aimé le premier malgré la démo technique saisissante mais qui souffrait d'une vaine tentative de faire du copier/collier en moins bien du film d'animation que j'aime temps , je dois dire que bizarrement j'arrivais avec un peu moins de craintes et d'attente vu la promesse de nouveauté et d'extension du lore existant autour d'un personnage si charismatique donc bien mieux qu'une recette paresseuse et fade qu'Hollywood nous sort ces derniers temps. Y'a du bon et du moins bon.

Difficile exercice que celui de revisiter un personnage aussi mythique que Mufasa, figure tutélaire de l’univers du Roi Lion, pour lui offrir son propre film. Ce préquel, à la fois intrigant et redouté, tente d’étoffer l’histoire d’un lion qui régnait déjà dans nos cœurs avant même son couronnement officiel. Mais ce retour est-il vraiment nécessaire ?

D’entrée de jeu, le film affiche ses ambitions : nous raconter les origines de Mufasa, ce lion à la fois sage et puissant. Le pari est séduisant sur le papier, mais la réalité est plus contrastée.

L’histoire nous transporte dans une savane qui se veut toujours aussi majestueuse, avec cette fois ci de multiples décors qui se veulent somptueux mais c'est là pour moi que le bas blesse étant donné que de nombreux plans m'ont paru empruntés, pile dans la vallée de l'étrange, bien loin d'après mes souvenirs des images saisissantes du premier (une des seule choses que j'avais appréciées) comme s'il avait eu moins de budget, moins de temps, de talent ou d'envie ou trop de nouvelles choses à créer (bah oui le copier/coller ne peut pas marcher deux fois haha).

Après je l'ai vu en 2D donc peut-être que cela joue beaucoup. Néanmoins, point intéressant, les animaux sont beaucoup plus expressifs que le premier où le photoréalisme poussé à l'extrême était contre productif, ce qui est un énorme avantage quand on tente de faire une œuvre originale avec laquelle on ne peut que très peu jouer une forme de nostalgie^^

Cela dit, l'animation sans être parfaitement léchée tout le temps reste tout de même globalement acceptable avec des pics de belles factures, mais le scénario peine à trouver un vrai souffle épique. En effet, la première moitié du film, en particulier, souffre d’une narration balbutiante, entre clichés d’ascension héroïque et dialogues parfois trop explicatifs.

Ce qui faisait la force du Roi Lion original, c’était sa capacité à mêler drame shakespearien et simplicité émotionnelle. Ici, cette alchimie est moins évidente. La relation de Mufasa avec son frère Taka/Scar (encore jeune et charismatique) est développée avec plus ou moins de succès hormis la séquence musicale qui est en train de cartonner "jai toujours voulu avec un frère" et le basculement est un peu trop abrupt tout en manquant de mordant pour devenir réellement marquante. Le film s’égare parfois dans des sous-intrigues secondaires peu nécessaires, étirant un récit qui aurait gagné à être plus concis et percutant même si les moments avec Rafiki, timon et Pumbaa et Kiara coupant le récit pour des doses d'humour souvent meta et bas du front ne m'ont personnellement pas trop dérangé. Je préfère néanmoins quelque chose d'originale à un vulgaire copier/coller en moins bien.

En parlant de moins bien, les chansons du métrage ne tiennent absolument pas la comparaison avec le film d'animation originel et d'ailleurs, l'ayant vu en français, je peine à comprendre le succès de la chanson "j'ai toujours voulu avoir un frère" qui pour moi juste Ok/tiers. Le comble, c'est les seules musiques que j'ai vraiment aimé sont celles originelles, comme quoi finalement ils y arrivent un peu^^

Heureusement, tout n’est pas à jeter. que ce soit dans l’aspect visuel ou côté personnages. Si Mufasa brille dans certaines scènes clés grâce à un charisme indéniable, il manque quand même de nuance, de texture et de profondeur (une sorte de golden retriver sans défaut) d’autres protagonistes peinent à sortir de l’ombre. Scar, en particulier, bien qu’intéressant, manque de profondeur pour devenir l’égal de sa version adulte dans le Roi Lion. Les personnages secondaires, eux, oscillent entre comic relief un peu forcé et sagesse convenue, sans jamais vraiment surprendre.

Finalement, Mufasa offre une expérience visuellement plutôt appréciable malgré des points noirs et quelques moments d’émotion sincère, mais l’ensemble est trop dépendant de l’héritage du premier film pour vraiment voler de ses propres ailes. À force de regarder en arrière, le film oublie parfois d’apporter quelque chose de nouveau et d’audacieux à cet univers pourtant riche de possibilités.

À réserver aux fans nostalgiques ou aux amateurs de préquelles, mais ne vous attendez pas à retrouver la magie intacte du Roi Lion. Ce n’est pas un rugissement, mais plutôt un doux ronron.

PS : La scène finale, pleine de symbolisme, manque un peu d’impact pour réellement marquer les esprits.