Peut-être LE film référence de David Lynch, du moins le plus apprécié, commenté, analysé, interprété... Et il faut reconnaître qu'il y a de quoi, au moins en ce qui concerne les trois dernières options. Je ne saurais pas vous écrire si j'ai « aimé » « Mulholland Drive », c'est plus compliqué que ça. Je l'ai vécu, me suis perdu dedans, parfois avec bonheur, parfois moins. Force est de reconnaître que l'univers du cinéaste est unique, à l'image de cette photo irréelle, nimbée d'une pâleur fascinante accentuant merveilleusement l'atmosphère si étrange d'une œuvre qui ne l'est pas moins.


Lynch connaît Hollywood, et le rapport « fascination-répulsion » qu'il entretient avec lui est palpable tant le monde qui nous est décrit ici est profondément inquiétant, à travers ses personnages dangereux et énigmatiques ou son énigme ténébreuse, mais aussi terriblement attirant, comme si tout devenait possible pour ceux qui y réussissent, sans négliger la dimension profondément superficielle du milieu... Reste cette fin, certes totalement inattendue et bouleversant notre regard sur ce que nous venons de voir, ouvrant la porte à toutes les interprétations et analyses possibles et imaginables, mais j'avoue l'avoir trouvé plus déconcertante qu'autre chose, cette remise en cause des 120 minutes précédentes m'ayant laissé un peu interdit.


J'ai évidemment compris que c'était le but, et sans doute est-ce en bonne partie « grâce » à cette dernière demie-heure que « Mulholland Drive » est devenu mythique : pourquoi pas, après tout elle est parfaitement dans cette logique d'illusions et de faux-semblants que décrit le film, mais un peu trop « radicale » (en tout cas dans ce qu'elle signifie) à mon goût. Reste qu'une fois cela écrit, cette dernière fait partie intégrante du film qui, malgré mes réserves, n'en demeure pas moins une expérience unique, peuplée de personnages mémorables et de prestations magistrales (brillante idée que d'engager Ann Miller dans une telle production, à mille lieues des comédies musicales qui ont fait sa gloire, tandis que la somptueuse Laura Harring efface Naomi Watts, quel malheur de ne l'avoir quasiment jamais revu depuis), l'un des titres les plus énigmatiques et brillants faits sur Hollywood : indispensable de se faire sa propre opinion.

Caine78
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le 5 mai 2018

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