"Munich" évoque certes les célèbres attentats de 1972, mais ceux-ci servent ici de point de départ. L'essentiel du film porte sur une version romancée des rétributions qui seront menées par le Mossad, à savoir l'assassinat de responsables terroristes palestiniens.
Les sujets abordés par le film sont aussi délicats qu'ambitieux. Attentats de Munich et plus généralement le conflit Israélo-palestinien, liens entre espionnage et terrorisme, manière de combattre ce dernier... avec évidemment un gros écho aux attentats alors relativement frais du 11 septembre 2001, et aux guerres qui s'en suivirent (pour ceux qui douteraient de ce parallèle, les twins towers apparaissent très ostensiblement dans le dernier plan du film...).
La vision de Spielberg sur ces thèmes se veut nuancée. Le réalisateur montre sans concession la violence employée par chacune des parties (les bombes secouent et démembrent, les balles transpercent et font abondamment saigner). Et son message est clair : la violence engendre la violence, employer les mêmes méthodes que son ennemi ne pourra conduire qu'à l'auto-destruction, et au renforcement de l'ennemi.
On verra ces éléments élaborés à travers ce commando illégitime du Mossad, dont l'âme se consumera peu à peu, notamment en se rapprochant de ses cibles très humaines. A ce niveau, les acteurs sont très bon. Surtout Eric Bana dans l'un de ses meilleurs rôles, en agent déchu qui voit la chance de servir son pays, avant de basculer dans la fatigue, le stress, et le doute. On regrettera peut-être un Daniel Craig honteusement sous-employé... mais l'acteur n'était pas encore la star qu'il deviendrait 1 an plus tard en endossant le costume de 007 !
Et si sur la forme le film est appréciable pour son ambiance d'espionnage des 70's, il accuse tout de même de certaines longueurs dans sa partie centrale, à cause de répétitions ou de manque de suspens. L'ensemble aurait sans doute gagné à être amputé de quelques dizaines de minutes...
Néanmoins, sa durée importante (2h45) lui permet de bien traiter ses sujets pour le moins sensibles !