Le film s'ouvre sur une rapide explication de ce qu'est un murale, accompagné d'une évocation toute aussi rapide de son origine mexicaine, montrant par là que le sujet du film n'est pas l'histoire des murales, mais bien ceux qui jalonnent Los Angeles. Ce qui frappe aux premiers abords dans cette œuvre, c'est la liberté de tons, de rythme et de mise en scène que semble adopter Varde. Cette liberté se perdra au fur et a mesure que le documentaire avance, préférant adopter un schéma plus structuré, du moins en apparence, parce que la liberté peut être structuré, qui consistera en la présentation d'une œuvre, accompagné d'un commentaire de l'artiste lui-même, ce qui est trop rare dans le documentaire, et de temps à autre de celui des passants et riverains, choix intéressant. Non pas que les habitants soient les plus aptes à apprécier la qualité artistique de l'œuvre selon tel ou tel critère esthétique, mais ils sont ceux qui les côtoient le plus, ces œuvres qui font de la ville une galerie, et ce sont bien pour eux qu'ils ont étaient peints comme le précise certains artistes. Donc au profit des jeux de mots ouvrant le film, Varda décide de laisser son image parler, malgré la présence de deux voix off omniprésente tout au long de l'œuvre, l'une de Varda elle-même qui développe le fil de sa pensée, l'autre d'un homme qui nous chuchotent le nom des artistes. Ainsi, chaque œuvre, qui n'apparait ne serait-ce qu'un vingt-quatrième d'image, est accompagné du nom de son créateur. Varda ne hiérarchise donc pas les œuvres entre elles, mais les mets bien sur un même niveau, ne se faisant pas juge, elle nous donne à voir chaque œuvres, et nous informe de la présence de chaque murales, faisant œuvre d'une démocratisation de l'art, d'où la présence des témoignages des riverains.
Cette démocratisations se fait aussi par la présence d'interview d'associations qui aident certains jeunes à commencer à peindre, d'autres qui les aident a se réinsérer par la peinture, parce qui constitue l'essence des murales, outre les critère esthétiques et le support évident, semble bien être le caractère sociale et politique de ses œuvres, ce que Varda accompagne dans son documentaire par l'explication de la condition de vie précaire présente à Los Angeles, l'explication des mécanismes faisant tomber certains franges de la population dans certains gangs (plus de 300 sont présents dans la ville). Varda n'hésite alors pas à découper par son cadre les murales, tout en donnant un commentaire sur ces derniers, toujours souligné par des touches de comédie, cher au cœur de Varda, mais ne nous impose pas une lecture unique de ces œuvres par sa voix off, quoique le documentaire accordant une grande place à la politique, nous ne pouvons passer au dessus de l'analyse politique, laissant ainsi à regret l'analyse plus esthétique des œuvres, qui semblent apparaître comme secondaire aux yeux de Varda.
Le manque d'invention qui semble caractérisé le film après son ouverture fait que la répétition s'installe, et que le film perd en intérêt , malgré la promesse de liberté de son ouverture. Mais les plans finales, dans un dernier sursaut d'intelligence esthétique et philosophique, rappelle, comme les peintres romantiques des ruines, le caractère éphémère de toute œuvre humaine, nous faisant d'autant plus regretter le ventre mou analytique de la deuxième partie de l'oeuvre.