Pour une fois qu'une comparaison de publicitaire est assumée et véridique, on en profite.
La version turque de "Virgin Suicides" ne vaut malheureusement pas le coup.
Enfin moyennement. D'où cette note.
En effet sur 1h37, le film ne réussi que dans quelques 30 petites minutes.
La première partie, ratée, nous présente d'une façon bien particulière la condition des jeunes femmes dans un pays encore trop ancré dans sa culture et sa religion exiguë. L'intention de dénoncer ce carcan est honorable, mais la façon de le faire est assez contradictoire.
En effet, et ce d'un point de vue cinématographique seulement, le film ne propose aucune personnalité. Les couleurs d'une fadesse incroyable sont mises en images par une caméra mauvaise (le choix de la caméra à l'épaule est en effet mauvais et peu compréhensible). Les images sont souvent très mal cadrées, trop rapides, et insupportablement floues. Et ainsi certaines scènes passent à la trappe car on se met à ne plus rien comprendre. Le résultat est bordélique, brouillant, bruyant et effervescent, à l'image de ses personnages de jeunes femmes excitées par leurs hormones.
Si le film tente de défendre ses jeunes femmes sans adolescence, il le fait de la manière la plus maladroite qui soit, en se focalisant sur le sexe et leurs obsessions. Ainsi, ce qui est pour les intégristes dénoncés dans le film le plus grand des crimes et la source de toutes les inquiétude, le sexe, est ici le moyen de contrer les diktats. Avec de nombreux plans presque malsains sur les corps des jeunes filles, et des situations implicites à l'appui. Heureusement que le film est réalisé par une jeune femme, et que ce partis pris n'est pas le fruit de l'obsession d'un réal' pervers...
On aurait néanmoins aimé plus de finesse.
Si les personnages ne sont pas attachants, on se plait presque à les voir se faire marier petit à petit et à quitter le logis, et de ce fait, le champ de la caméra.
En effet, le film se transforme dans une seconde partie, qui se focalise sur les filles les plus jeunes de la famille. Ainsi on plonge enfin dans une candeur promise depuis le début, celle qui était gâché par une obsession sur le sexe et le corps. Ce sont les deux fillettes qui s'insurgeront contre le système et qui enfin, après une heure de constatation simpliste, propose une réaction.
On se prend au jeu et se laisse embarquer dans ces histoires de gamines, touchantes et admirablement réussies.
Car en effet c'est dans ces ultimes scènes que la réalisatrice atteint le génie, proposant à la naïveté des sommets et mettant en scène des fantasmes de gamines, rêves d'escapade connus de tous le tout enrobé dans la délicieuse musique de Warren Ellis, membre éminent du groupe des Bad Seeds de Nick Cave, qui signe ici une B.O. absolument grandiose.
Dommage donc que cette première heure, lourde et peu intelligente et maladroitement traitée vienne ainsi gâcher ce final sublime qui redonne une couleur franche à se film un peu fade...