Depuis Steve + Sky en 2004, Des Jours sans Amour (Dagen zonder Lief) en 2007, et La Merditude des Choses (De Helaasheid der dingen) en 2009 (ce dernier ayant déjà reçu différentes récompenses), le cinéma de Félix van Groeningen s’est largement perfectionné, et exporté.
On se souvient en effet de The Broken Circle Breakdown (Alabama Monroe) qui a remporté le César du meilleur film étranger et avait été nommé à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2014. Après Belgica en 2016, c’est sans grand étonnement qu’on le voit diriger son premier « film américain », avec en acteurs principaux Steve Carell et Timothée Chalamet (révélé par Call me by your Name de Luca Guadagnino en 2018).
Bien que reprenant une histoire vraie, l’on peut reconnaître dans ce nouveau film certains thèmes que l’on devine chers au cinéaste : la jeunesse, les excès, l’entraide, la difficulté de s’intégrer « normalement », les épreuves que la vie peut nous réserver. On saluera notamment le travail sur la musique (point qui était déjà particulièrement fort et central dans Alabama Monroe et Belgica). Les morceaux de Neil Young, David Bowie, Sigur Ros ou encore John Lennon se succèdent et s’accordent parfaitement avec l’émotion que fait ressentir le film.
Les acteurs semblent particulièrement impliqués et l’on découvre une toute autre palette de jeu de Timothée Chalamet, qui ne fait que confirmer son talent. Steve Carell en père déboussolé mais attentif est tout aussi convaincant.
Sans doute car il s’inspire directement du livre écrit par le vrai David Sheff (Beautiful Boy : A father's journey trough his son addiction), l’on peut constater que le film s’éloigne des clichés habituels que l’on retrouve dans les « histoires d’addiction ». En effet, plutôt que de prendre le point de vue de la personne addict, l’on nous montre celui de son père ; la manière dont ce dernier voit l’addiction de son fils, les détériorations ou améliorations de son état, l’aide qu’il tente tant bien que mal de lui apporter. Le point central du film sera donc cette relation père-fils, faite d'entraide, de joies, de peines, d'incompréhension et de discussions.
De plus, l’on pourrait se dire que « Nic a tout pour être heureux » : ses parents semblent relativement aisés, il a la possibilité de faire de grandes études, sa famille le soutient envers et contre tout et il est indéniablement intelligent (quoique ce dernier point ne soit absolument pas synonyme de bonheur). Cela fait de lui un personnage éminemment complexe, dont les actions et réactions ne sont pas toujours compréhensibles, mais profondément touchant. La limitation du nombre de personnages permet également de s’intéresser réellement à eux. Enfin, et malgré le dur sujet abordé, le film parvient à ne jamais sombrer dans le pathos.
On regrette toutefois la longueur du film, qui finit par montrer essentiellement les rechutes et relèves de Nic, constamment, de manière quelque peu répétitive. L’on comprend évidemment que cette longueur, cette redondance est tout à fait censée ; elle permet de montrer que les échecs sont presque inéluctables, mais ne sont pas synonymes d’impossibilité. De fait, comme le dit si souvent le film « les rechutes font partie de la guérison ». En l’absence d’autres ressorts scénaristiques, malgré les musiques, les images et les acteurs magnifiques, il reste cependant pour le spectateur un sentiment de longueur étirée.
Néanmoins, le film permet de mettre en lumière un réel problème de la société actuelle ; aux Etats-Unis, la principale cause de mortalité des jeunes est due aux addictions.
Rédigé pour LeCoindesCritiques