« Can't Cause it, Can't Control it, Can't Cure it », marquée sur un panneau d'une obscure salle de thérapie dans le film ouvre les yeux sur le rôle de confession que ce dernier a, pour toute personne ayant des difficultés avec la drogue, ou plus simplement la dépression.
My Beautiful Boy est un film réalisé par Félix Van Groeningen, réalisateur belge notamment connu pour son œuvre Alabama Monroe (2013), acclamé par la critique. Ce long-métrage, dans les salles en France, le 06 février 2019, s'attarde sur Nic, jeune homme brillant, tout juste sortie de l'adolescence mais déboussolé par le sens qu'il veut donner à sa vie. Après avoir commencé à essayer toute sorte de drogue dès son plus jeune âge, Nic devient accro à la mét (aussi appelé méthamphétamine).
Le génie du film n'est ici de ne pas se concentrer sur les raisons qui poussent quelqu'un à monter dans la drogue, ou la longue descente aux enfers d'un junkie – sujet autant de fois usité que cette métaphore – mais principalement sur l'impact que cela a sur les proches, ici particulièrement sur David un père attachant, compréhensif, et aimant, et la façon dont ils gèrent et aident Nic.
Beautiful film?
Pourtant le film n'avait pas très bien commencé avec un étalonnage, forçant sur la saturation de couleurs naturelles, à la limite de la masturbation intellectuelle et artistique. Couplé cela à de longs plans américains d'un Steve Carrel qui fait maintenant plus d'apparition sur des gifs que dans des films, et d'un Timothée Chalamet ayant fraîchement acquis une aura de sex-symbol pour beaucoup d'adolescents en chaleur... L'utilisation de flash-back à outrance malgré leur intelligence n'envisageait également rien d'incroyable.
La réflexion du Boy
Heureusement, ces vingts premières minutes, faisant figure d'exposition à une famille ordinaire, et sans problème, furent très vite oubliés. Le réalisateur nous montre très vite son génie avec plusieurs choix artistiques qui deviendront récurrents tout au long de son œuvre. L'utilisation du reflet, que ce soit par une fenêtre, un miroir, ou la cuillère dans laquelle chauffe la drogue est astucieuse en permettant d'exprimer avec brio les changements, l'évolution mais aussi les tiraillements de chaque personnage. Cela renvoi également l'image de la famille de Nic, impuissante face au drame, et qui ne peut le regarder qu'à travers un voile flou tout comme nous spectateur derrière notre écran. Les jeux de couleurs, et particulièrement d'un jaune ensoleillé et d'un vert nature qui se dévergondent et s'aliènent pour devenir un orange et bleu artificiels. Emprise d'un monde industriel sur une jeunesse en perte de repère. Cette atmosphère de perte, de vide est renforcée par les multiples plans d'ensembles très larges, malgré les gros plans psychologiques souvent utilisés dans les films ayant le même sujet, mais également avec les musiques trop longues à la manière d'un travelling ayant oublié de s'arrêter.
Finalement, My Beautiful Boy est un film savamment tourné, sur un sujet important et qui saura vous emporter avec lui, vous faire réfléchir et ressentir.
Ça cite même du Bukowski, vous n'avez donc aucune raison de ne pas aller le voir !