C'est avec son troisième film, La merditude des choses, que le cinéaste flamand Felix van Groeningen, a commencé à apparaître sur les radars de la cinéphilie, juste avant le triomphe de Alabama Monroe. La merditude des choses, voici un titre qui conviendrait assez bien à la plupart des longs-métrages du réalisateur belge, y compris pour le dernier en date, et premier tourné en Amérique, My Beautiful Boy. Soit un mélodrame plus larmoyant et édifiant que flamboyant qui marque une sorte d'assagissement d'un metteur en scène qui jusqu'alors ne manquait ni d'audace ni d'inventivité. Dans My Beautiful Boy, au profil très didactique, le principal apport "original" est sa (dé)construction, avec confusion volontaire des temporalités, laquelle à vrai dire, n'apporte rien d'utile à un schéma assez classique dans un récit d'addiction qui alterne les phases : je me soigne/je rechute/je promets que jamais plus/je rechute encore, etc. Le regard d'un père et l'attention porté à son fils malade constitue l'intérêt principal d'une narration menacée de tourner en rond et de forcer l'accès à nos glandes lacrymales. Les interprétations de Steve Carell et de Timothée Chalamet (croisement réussi entre James Dean et Adrien Rabiot) sont remarquables (et jamais indécentes) et les scènes où ils apparaissent ensemble sont de loin les meilleures et susceptibles d'atténuer un peu la déception devant un film qui chasse visiblement sur le terrain des Oscars, en mélangeant éléments de film d'auteur et de grand public.