Malgré toutes ses indéniables qualités (car Wong Kar Waï n'est pas devenu un manche simplement parce qu'il a tourné son premier film aux USA...) à la fois formelles (image majestueuse, flashes de beauté, toute sa panoplie formaliste est à nouveau déployée, appliquée ici à une fascination "classique" pour l'Amérique des routes, des déserts et des diners) et émotionnelles (Wong Kar Waï reste inégalé dans sa précision à saisir la fragilité de ce qui se passe entre deux êtres), "My Blueberry Nights" est le premier film de Wong Kar Waï "sans enchantement". On est alors saisi de doutes affreux : n'est-ce pas notre regard occidental qui a paré d'exotisme l’œuvre de Wong Kar Waï, et lui a conféré une aura sublime que ses compatriotes ne verraient pas ? Ou, même si Jude Law, Rachel Weisz et Natalie Portman sont d'une beauté soufflante, ne nous manque-t-il pas simplement ici le mystère sensuel d'un Tony Leung ou d'une Maggie Cheung ? Il faudra maintenant attendre le prochain film de notre chouchou pour trancher... [Critique écrite en 2008]