Une endive au milieu des pâtisseries (mission maframboise n°3)
Ma première fois avec Kar-wai s'était mal passée. A force de me draguer avec insistance paré de toutes ses récompenses, il avait fini par m'attirer. On s'est retrouvé un soir chez moi, je me suis allongé dans mon lit et offert à lui. Mais nos contacts ne furent pas à la hauteur de mes espérances. Derrière son apparence soignée il ne savait pas comment me prendre et était mou. Ce fût une piètre soirée.
Alors quand maframboise m'a arrangé un nouveau rendez-vous avec ce quinqua chinois, j'avais quelque appréhension.
Cette fois-ci encore, il est venu avec une romance. Le casting était alléchant : Rachel Weisz, Jude Law, Natalie Portman, ... Malheureusement, ce grand dadais n'a rien trouvé de mieux que de donner le rôle principal à Norah Jones. Norah Jones, c'est Keanu Reeves avec des seins. Après nous avoir prouvé qu'elle n'était pas douée pour la musique, elle nous prouve que c'est aussi le cas pour le cinéma. Elle devrait peut-être se mettre à la pâtisserie.
Le film se divise en plusieurs chapitres, chacun donnant lieu à une rencontre avec l'un des personnages secondaires. Le premier avec Jude Law jouant un fantasme (oui, ça, ce n'est pas un homme), le second avec Rachel Weisz et David Strathaim incarnant un ancien couple n'en finissant pas de se déchirer, le troisième avec Natalie Portman interprétant une joueuse de poker insensible puis l'épilogue de nouveau avec Jude Law. Chacun traitant des sentiments et ressentiments de l'âme humaine.
Mais Wong Kar-wai n'est pas Kieslowski. Si le polonais excelle avec ce thème, le chinois peine à transmettre les émotions. Et sans un tel talent, le scénario parait plutôt allégé.
Heureusement, ce vieux dragueur a d'autres atouts. Il filme admirablement bien. Comme toujours avec lui, la photographie est sublime. Et le travail sur la couleur est magnifique. Alors à défaut d'autre chose, on se laisse hypnotiser par ses plans d'une beauté parfois troublante. Mais le réalisateur agace quelque peu en abusant des effets de flouté. De plus, il est tellement obsédé par les belles images qu'il va parfois à l'encontre de la mise en valeur du jeu de ses acteurs.
S'il ne flatte pas notre esprit, ce cher Wong sait le faire pour nos sens. Ainsi, il n'oublie pas l'audition en offrant une bande originale très soignée. De Cat Power, dont l'apparition est un enchantement, à Ry Cooder ou Otis Redding, nos oreilles sont toutes ouïes.
La forme n'arrive, malgré tout, pas à l'emporter sur le fond et l'ennui guette.
Une fois encore il ne m'a fait que peu d'effet. Monsieur Wong, vous êtes un mauvais coup.