OK mon titre va vous amuser, double sens et tout et tout. Merci de l'avoir remarqué, mais j’arrête tout de suite ceux qui imagineraient Hallam Foe plus pervers qu’il l’est. Non non, faudrait pas croire, il cherche pas à prendre du plaisir du côté de ses métatarses. Il voudrait juste comprendre la mort de sa mère. Officiellement, elle s’est noyé dans le loch proche du somptueux manoir où ce jeune écossais habite avec son père architecte et sa belle-mère, la séduisante Verity...
On le sait bien, la vérité sort de la bouche des enfant. Bon, Hallam a 17 ans et il doute des circonstances exactes de la disparition de sa mère. Elle aurait absorbée une dose massive de somnifères avant d’avancer dans le loch. Bizarre, elle a négligé une barque qu'elle savait percée.
La vérité c'est que le jeune Hallam n’a pas évacué son complexe d’Œdipe. Il ne va pas se contenter d’en savoir plus sur sa mère, il va lui chercher des substituts possibles pour assouvir son envie de coucher avec elle.
Dis comme cela, on peut imaginer un film particulièrement dur, alors qu’en fait, le plus dur sera l’engin (non la quéquette, le zob, pardon la queue) d’Hallam en réactions aux sollicitations de dames qui pourraient être sa mère. Le film surferait-il sur la mode des cougars ? Pas spécialement, même si Hallam reconnaît être puceau et se montre reconnaissant auprès de celle qui va l’initier.
Un film très sexe alors ? On est quand même loin d’un film porno, même si Hallam se met régulièrement en position de voyeur, justifiant ainsi le titre de cette critique. Voyeur, il l’est dès le tout début, alors qu’il est dans sa cabane perchée dans un arbre à l’écart du manoir. Voyeur, il le restera à Glasgow où il cherchera du travail, sa belle-mère lui ayant fait comprendre que pour lui, le moment est venu d’imiter sa sœur en quittant le nid familial. Mais si Hallam se comporte en voyeur, c’est plus pour tenter de comprendre le monde dans lequel il vit que par perversité. On sent qu’il aimerait une vraie vie sentimentale. Et ce n’est pas parce qu’il a traité sa belle-mère de pute que les policiers de Glasgow peuvent lui retourner le compliment. Le malentendu l’incitera à prendre la fuite et trouver refuge dans un lieu où son goût pour l’observation discrète lui ouvrira de nouveaux horizons. Finalement, il n'est pas plus voyeur que le spectateur du film... S’il n’est pas foncièrement pervers, Hallam ne recule pas devant un petit chantage pour parvenir à ses fins !
Grâce à son originalité, ce film a reçu un ours d’argent à Berlin. Jamie Bell y incarne Hallam, montrant qu’il a digéré sa prestation du personnage de Billy Elliot, ce que le titre français tend à accentuer assez inutilement. Le titre original est plus simplement Hallam Foe. Le réalisateur montre un certain talent pour intégrer pas mal de détails intéressants. Exemple avec l’homme de cuisine qui prend Hallam sous son aile dans l’hôtel où ils travaillent. Et il filme de façon assez légère alors que l’action souvent nocturne rend l’image plutôt sombre.
Par contre, il se montre un peu hésitant pour le genre qu’il filme. L’affiche et la présentation laissent avant tout deviner une comédie, peut-être même une comédie policière. Alors oui, des détails peuvent amuser, mais le spectateur n’est jamais tordu de rire. La situation est souvent plus graveleuse que désopilante. L’intrigue qui aurait pu être avant tout policière dévie complètement dès qu’Hallam arrive à Glasgow. Le vrai plus, c'est que le réalisateur a demandé un générique animé à David Strigley. La BO intègre quelques artistes plutôt tendance, voilà qui séduira la génération adolescente.
Conclusion, une relation trouble entre Hallam et sa mère qui entraine des situations souvent assez rocambolesques. Le réalisateur laisse libre cours à son imagination délirante, ça part un peu dans tous les sens. Sympa.