Doux et poétique, My Sunshine n'a quand même pas réussi à réchauffer mon coeur dans cette froide salle parisienne. My Sunshine c'est l'histoire de Takuya qui apprend à patiner d'abord en solo puis en duo aux côtés d'une ancienne star du patin.
On est en plein dans le cinéma contemplatif japonais, c'est lent, c'est poétique, le film prend son temps. Cette langueur hivernale ne m'a pas dérangée et m'a au contraire permis d'admirer les paysages enneigés japonais, les flocons tomber, les oiseaux chanter, le soleil briller (véridique, ce n'est pas seulement une réf à Michel), en somme les jolies images proposées par le réal (jolies, mais parfois trop grainées, et qui éclatent souvent la rétine par leur blancheur juste après une séquence sombre). Les scènes de patinage sont super chouettes, on en veut plus en duo comme en solo et j'ai personnellement aimer suivre les progrès et l'évolution de Takuya. Keitatsu Koshiyama qui interprète Takura est très touchant, plein de vie et de naïveté d'enfance, mais je trouve le coach et Sakura un peu plus "absents" dans leurs jeux respectifs, bien que le coach soit tout de même émouvant et juste. J'ai vraiment particulièrement aimé le passage un peu niais d'osmose entre les trois patineurs sur un lac gelé, accompagné d'une jolie musique, on aurait dit un Disney, j'aime bien voir sur écran géant ces ptits moments un peu hors du temps et déconnectés de la réalité. J'ai aussi beaucoup apprécié l'ASMR des patins sur la glace tout au long du film.
Ce qui m'a en revanche dérangé est le sentiment d'injustice qui ne me quitte pas depuis ma sortie de la salle noire. Sakura, jalouse sûrement de la relation qu'ont Takuya, arrivé bien après elle sur la glace, et leur coach, envoie valser cette harmonieuse amitié en traitant de "dégoutant" ce coach qu'elle a aperçu avec un homme. Certes je ne m'attendais pas à voir un film de Noël mièvre et naïf, apanage de M6 et de ses téléfilms du mercredi après-midi (aka la citadine branchée qui retourne dans son village après une déception professionnelle et/ou amoureuse pour se rendre compte que sa vie idéale est en fait dans la boulangerie familiale sauvée par son voisin qu'elle détestait car il s'était moqué de son horrible pull de Noël pendant l'hiver 86), mais tout de même. Ce "c'est dégoutant" n'est contrebalancé par rien dans le film et vient presque être renforcé par les mots durs de la mère de Sakura, et le départ du personnage accusé qui semble avoir tout perdu : son travail, son amoureux, ses rêves et ses illusions. On pourrait presque croire que le réal adhère à cet avis. Je n'arrive pas à me mettre d'accord avec moi même sur ce que j'ai vu : une critique de l'homophobie ? Une critique des garçons qui font des "sports de fille" ? Une critique des coachs de patinage artistiques gay ?? La fin montre les deux jeunes protagonistes qui se retrouvent par hasard à l'arrivée du printemps, c'est une fin ouverte qui m'a donné envie de croire que les deux jeunes se retrouveraient également sur la glace, mais le coach est absent de ces retrouvailles. C'est décidemment le grand perdant de cette histoire, alors qu'il aurait pu (et dû, à mon sens) être le sunshine de cette histoire.