Ce film japonais d’Hiroshi Okuyama est mignon dix minutes mais finit par ennuyer à force d'un trop-plein de gentillesse et joliesse, avant d'exaspérer définitivement dans sa façon d'éviter tous les sujets sensibles et intéressants.
Sur l’île d’Hokkaido, l’hiver est la saison du hockey pour les garçons. Takuya, lui, est davantage subjugué par Sakura, tout juste arrivée de Tokyo, qui répète des enchaînements de patinage artistique. Il tente maladroitement de l’imiter, si bien que le coach de Sakura, touché par ses efforts, décide de les entraîner en duo en vue d’une compétition prochaine.
On peut facilement dire de cette bleuette nippone qu’elle est mignonne, gentillette. Les deux gamins sont choux. Ils patinent gracieusement sur la glace. Le jeune garçon est amoureux de la jeune fille. Leurs rapports sont harmonieux. Tout cela est charmant dix minutes, mais le film reste à la surface, ne cachant rien de plus profond.
Les mignonneries envahissent l’écran. Comme on l’a vu sur le fond, mais malheureusement pour le spectateur également dans la forme. Le film est une succession d’images proprettes. Très blanche pour l’hiver, verdoyante pour le printemps. Les cadrages, parfaits et symétriques, rappellent Wes Anderson, mais sans sa légèreté ni son aspect ludique. Ici, tout est extrêmement littéral et ça ne colle pas du tout avec le fond qui se veut très sérieux.
Le cinéaste alourdit son film par un symbolisme appuyé autour des saisons : l’hiver, temps d’harmonie, cède à un printemps annonciateur de dérèglements. Très japonais dans l’esprit, mais ici niais et d’une lenteur infinie.
Après l’attendrissement bref et l’ennui profond, advient l’exaspération définitive devant ce film qui évite tous les sujets qui pourraient créer un conflit et un peu de la matière narrative. My Sunshine pourrait être un beau film sur le sport, sur l’effort. Mais on ne sent jamais le travail, la sueur, l’acharnement : le cinéaste se contente de filmer des scènes de patinages qu’il veut touchantes et drôles.
Puisque on regarde le film avec beaucoup de distance, le spectateur n’étant jamais captivé, on remarque des pistes narratives qui auraient pu enrichir l’histoire. Dans une scène brève et qui est à mon avis la seule qui vaille la peine, la jeune fille voit de loin son entraîneur embrasser son compagnon. Cette courte scène aurait pu ouvrir sur un beau sujet : l’homosexualité marginalisante au Japon, le conformisme cruel de la société nippone. Mais que Dieu préserve le film d’Hiroshi Okuyama de toute forme de complexité ! La jeune fille dira simplement que c’est dégueulasse d’être homo. Et avec en fond sonore, le Clair de lune de Debussy.
Je n’ai vraiment rien d’autre à ajouter sur ce film terne. À part peut-être cette réflexion : à qui s’adresse-t-il ? Certainement pas à des adultes qui s’agaceront devant la naïveté et la joliesse du film. Et encore moins à des enfants qui s’ennuieront comme des rats crevés.