My sunshine est le genre de films dont l'ambiance et la force modeste effacent les quelques impuretés. Derrière un titre un peu trompeur qui laisse à penser à un film tout doux, prévisible et feel good, se cache une légère amertume filmée avec une pudeur très japonaise. Entre le réalisme social et le romantisme plus poétique de cette esthétique, on retrouve une forme d'impressionnisme, sur la patinoire, entre les rayons de soleil et les éclats de la glace, et à l'extérieur, neigeux, brumeux, au pays du soleil levant. Le respect de la loi du silence est ici tellement bien exploité que les discours les plus parlants sont toujours les moments de silence et de mutisme, avec ou sans musique.
Certes, le jeune patineur, guère à l'aise dans les sports typiquement masculins du baseball et du hockey, bégaie et le patinage lui offre une échappatoire. La façon de filmer ces sports est radicalement différente de la mise en scène, superbe, du patinage. Cependant, en s'attardant autant sur la vie du professeur, homosexuel qui cherche à s'épanouir au travail, c'est un autre discours qui s'incruste à celui de la différence : on parle d'intolérance et d'homophobie, représenté par la famille de la fille. Tout passe par les sous-entendus, l'envie, la jalousie, la complicité, la méfiance... (on peut regretter une scène entre le prof et son copain prêts à dormir, un peu trop explicite, ou des scènes familiales moins subtiles que ce qui aurait pu être un ballet sans paroles) et ainsi pouvons-nous voir dans ces impressions, non pas ce que nous voulons voir, mais ce que nous savons ressentir.