Kenneth Branagh et Hercule Poirot, un mariage que peu d'entre nous apprécient vraiment au vu des critiques, coincées entre les infidélités des différentes adaptations, les effets spéciaux invariablement décrétés comme dégueulasses et le rejet du phénomène de franchisation gangrénant le cinéma.
Au point qu'il peut apparaître au moins étonnant que certains masos, après pourtant trois épisodes de souffrances et de larmes versées, continuent de vous dire que c'est nul. Mais ceci est un autre débat.
Après Le Crime de l'Orient-Express et Mort sur le Nil, déjà plusieurs fois adaptés, Kenneth Branagh ose enfin s'aventurer sur le terrain de romans moins connus sur le grand écran.
Une démarche qui pourrait peut être apparaître comme une rupture.
Car Poirot, en 2023, s'il est toujours attiré par une certaine forme de tourisme en s'arrêtant cette fois-ci à Venise, se claquemure le temps d'une nuit d'intempéries dans un décor de palazzo somptueux plongé dans la pénombre. De quoi enfin faire taire les reproches concernant des effets visuels nuls dignes d'une production Marvel Studios (pléonasme) ?
Car hormis les noms de Tina Fey et Kelly Reilly, Mystère à Venise ne compte plus uniquement sur son casting poids-lourd ayant magnétisé pas mal de grands noms en 2017 et en 2022.
Car enfin, introduire l'élément surnaturel dans un univers aussi terre-à-terre et balisé que celui du célèbre détective belge pourra s'interpréter, au choix, comme un geste suicidaire, sacrément culotté ou tout simplement intéressé.
Car un tel ingrédient lâché dans la recette du whodunit éprouvé avait de quoi faire peur dans une bande-annonce qui présageait une sacrée démarcation du Crime d'Halloween, bouquin sur lequel le film s'appuie sans pour autant reprendre son titre.
Devant Mystère à Venise, le spectateur pourra donc réagir deux manières :
˗ Poser la question "Esprit, es-tu là ?", durant la séance, tant celui d' Agatha est loin d'être "all along" (© WandaVision 2019), hurler à la trahison, puis pester légitimement de ne jamais reconnaître l'intrigue qu'il a tant appréciée en lisant Le Crime d'Halloween. En effet, très peu d'éléments seront repris, à part ladite fête donnant le prétexte à l'intrigue, un convive qui peut dénoncer un tueur et une romancière amie d'Hercule Poirot.
˗ Se montrer curieux devant ce que Kenneth Branagh a voulu faire cette fois, se laisser porter par l'inconnu et séduire par un peu de surprise poussant une intrigue qu'il connaîtrait sinon par coeur si le réalisateur s'était contenté d'une sage reprise scolaire. D'autant plus que l'argument surnaturel est plutôt bien intégré à l'enquête menée par un détective perdant ses repères devant ce qu'il ne connaît pas.
Nul doute que devant la noté pétée du masqué, comme toujours, vous devinerez aisément dans quelle catégorie il s'inscrit.
Et pour ceux qui vous disent que le whodunit, c'est chiant parce que c'est toujours la même chose, je pense qu'on ne peut plus grand chose pour eux, hélas... Alors même qu'ils sont assez grands pour économiser le prix d'une place.
Behind_the_Mask, freak Belgique.