Mélodie pop acide d’une sensibilité flamboyante, requiem d’orgues, des levées, des saillies, secousses électriques qui rompent sans effort, qui déboulonnent, au bord d’un précipice multicolore comme un arc-en-ciel amène, en équilibre sur le revers vertical de l’amour ; c’est un ange pailleté au-dessus des horreurs d’une jeunesse en mille morceaux, malaxée, exténuée, dispersée dans les bras des hommes pour un peu d’amour, des ébats qui blessent, qui ne cessent, des baisers à la pelle, et le roulis des hanches à n’en plus finir, pire encore dans le noir des marécages, là où les grands méchants loups s’échinaient à saute-mouton sur le dos fragile des libellules.
Les étoiles, sidérées, pleuraient sur les ravages d’une enfance à frasques, démolie à coups de poings comme des i, deux gamins noués par les échos d’une guitare triste, des pertes de repères, corps isolés de désirs sombres et acrobates, s’oubliant dans une symphonie de sens en bazar ou un quelque part sans salut, sans mémoire, sans rêve… Deux innocences crevées, et les ravages comme un déluge inéluctable, inexcusable, l’amour dissipé, accaparé, allures à l’air amer, guerres promises, arrachement tacite à la terre, à la boue, cette syncope…
Tout ce lyrisme sucré contre la barbarie d’une hémorragie brûlante, l’abomination d’un désir inouï, cru, indéfendable, et l’impudeur bouleversante face à un avenir qui disparaît, se recroqueville, et ne laisse que les fragrances acidulées d’étreintes suppliantes, assourdissantes comme un cri à l’aide, et ne lasse qu’avec des moments fragmentés, retournés, et des douleurs s’époumonant sur l’épouvante du monde, magma de blessures, de cauchemars et de désenchantements… Autour d’eux, des remparts infranchissables s’étaient formés, hauts jusqu’à une exagération qui dépasse, et la tendresse, la vérité, pour seules parades envisageables à la propitiation des hommes.