Cela ne fait pas tellement longtemps que j’ai vu ce film. Un ou deux ans. A peine. La distance entre mon premier et dernier visionnage est sujette à modification à cause d’une mémoire défaillante face à ce film. Beaucoup pense que lorsque l’on voit un film, on en tire une conclusion : bon ou mauvais ; simple ou complexe ; terrifiant ou drôle. Il ne s’agit pas de cela quand on parle d’un film ou, tout du moins, de ce film. Un regard peu donc, selon le spectateur, varier son propos avec le temps : modéré son attachement, son dégoût ou son culte à un film : pas dans tous les cas. Mysterious Skin fait preuve d’une sorte de monotonie dont les films essaient le plus possible d’éviter pour ne pas causer, chez le spectateur ce comportement que je viens d’expliquer. Mysterious Skin s’attache à la vie de deux enfants dont les vies ont été bousculé par un moment douloureux : une sorte de faille qui fera de l’un un prostitué et de l’autre un enfant dont 5 heures de la vie se sont échappées. On suit donc pour l’un les péripéties de la vie et pour l’autre la quête de ces heures perdues. Je ne vais pas m’attacher à l’histoire ni même à la nature du propos ; je parlerai de cette étrange sensation d’être oppressé par ce film. Le violeur n’est pas violeur si l’enfant l’aime ? Telle est une question qui pourrait se poser. L’enfant se réfugie-t-il dans une autre galaxie aux creux des étoiles pour oublier cette aventure ? Autant de questions qui ne trouvent aucune réponse chez le spectateur. J’aimerai oublier un peu ce film et passer à autre chose, me dire – comme je le disais plus haut-, que je trouverai un film qui me donnera cette même sensation et même obsession , mais plus j’avance et plus je vois que c’est un mensonge. Mysterious Skin est, à tord, assez peu connu : sujet violent et sensible. Il n’en reste pas moins que quelque chose se passe quand on le voit, on se sent lourd d’un tel pessimisme, d’une telle dureté de propos. Mais on se sent aussi pousser des ailes, prêt, comme par magie, à disparaître.