Sur un terrain proche de celui de Larry Clark (perversions adolescentes en tous genres et critique sociale virulente), Gregg Araki livre avec ce "Mysterious Skin" un film à la fois terrible - plusieurs scènes sont profondément blessantes - et enchanteur, parce que plein d'un romantisme ludique délicieux, et surtout porté par une libre générosité qui insuffle même au plus odieux des personnages une grâce étonnante. Parce qu'il a clairement réfléchi sur ce qu'il peut et ce qu'il ne peut pas montrer sans pour autant compromettre le sujet de son film - la pédophilie et les ravages qu'elle fait dans la vie de deux adolescents -, parce qu'il n'applique aucune norme morale sur son discours ni le regard porté sur ses personnages, "Mysterious Skin" apporte sans doute la meilleure réponse possible à l'indicible horreur du massacre des enfants : un geste artistique plein d'équilibre et de grâce. [Critique écrite en 2006]