Comme pour Elephant de Gus Van Sant, et avec le même souci de décrire avec réalisme des faits à l’état brut, ce film inflige un nouvel électrochoc à nos consciences. Basé sur un autre travers de notre société, il traite de la pédophilie. Ici, on ne se place pas au niveau du criminel, que les médias installent trop souvent « en monstrueuse vedette » banalisant le phénomène. Araki avec une maîtrise absolue, nous propose de suivre deux victimes abusées par le même homme, qui par leur origine sociale et leur sensibilité différentes, vivent ce drame de manière opposée. L’une devenant une sorte d’ange déchu usant et abusant de son corps, et l’autre une espèce d’extra terrestre, incapable de vivre et reléguant toute relation humaine au rang de cauchemardesques rêves. La caméra placée au cœur de ce drame, explore leurs parcours, sans voyeurisme exacerbé, avec des séquences toujours à la limite de l’insupportable et sans complaisance. Cette approche subjective est mille fois plus convaincante que tout prosélytisme et démontre sans concession l’abjection de cette perversion. Le message souvent occulté dans ce genre d’affaire, se veut clair et implacable, les victimes pourtant innocentes, n’auront jamais de salut, et l’horreur subie les hantera à tout moment salissant à jamais leur futur. Mystérious Skin est un film cru, dur, dont on ne sort pas indemne, et les deux acteurs Joseph Gordon Levitt et Brady Corbet sont tout simplement prodigieux.