Le Monsieur Plus du cinéma roumain a encore frappé. Et comme Radu Jude vise juste, cela fait très mal, même si son cinéma polymorphe ne recule devant aucun excès, ou répétition, pour parler d'un pays, le sien, qui est passé sans transition d'une dictature (communiste) à une autre (capitaliste), cette dernière usant de moyens plus rusés que la première, pour imposer ses lois infrangibles, au détriment du citoyen lambda. N'attendez pas trop de la fin du monde accumule les références (de Goethe à Godard), les grossièretés (le trash des réseaux sociaux), les embouteillages, les musiques diverses (pas mal du tout, le turbo folk !) et les portraits d'accidentés du travail, avec en fil rouge la journée d'une assistante de production survoltée et rebelle dans l'âme. A vrai dire, le fil rouge en question se transforme en pelote de laine où le cinéaste multiplie les digressions et les provocations, se permettant même d'intégrer à dose homéopathique de véritables scènes d'un film roumain de 1981, qui racontait les pérégrinations d'une chauffeuse de taxi dans un Bucarest ou le quartier typique d'Uranus n'avait pas encore été effacé de la carte pour permettre la construction de l'atroce palais de Nicolae Ceaușescu. Ce film est dingue, forcément inégal sur sa durée excessive de 163 minutes, mais unique en son genre dans le cinéma actuel et il a le bon goût d'inviter à la fête la grande Nina Hoss, pour un rôle très court, certes, mais marquant.