Les chroniques de la naissance d'un désir dans un milieu oublié par les adultes. Récemment, il y avait déjà eu It Follows sur le même thème. Mais là où It Follows évoquait les dangers du manque d'éducation sexuelle, Naissance des pieuvres livre, dans une atmosphère électronique assez semblable à celle du film d'horreur, une plongée dans l'abime de la conscience adolescente ; bousculée par la naissance du désir.
Forcément, voir ces corps parfaits, tout droit sortis d'une utopie nazi, faire des mouvements amples et gracieux à l'unisson, ça fait naître le désir chez les jeunes filles mal dans leur corps, mais aussi chez celles qui se prétendent expertes en la matière... Le tabou est à toutes les échelles, vivre avec son corps quelqu'il soit est le résultat d'une quête initiatique toujours complexe, mais protéiforme. Passant tantôt par la soumission au mâle, tantôt par au contraire la provocation ouverte face aux hommes trop ouverts, c'est cette quête qui donne au film sa dimension universelle, car les trois archétypes des jeunes filles présentés forment trois figures différentes d'acceptation du Moi, et l'écriture de leurs rôles oscille entre la finesse de leur psychologie torturée et l'aspect universels des personnages.
Alors certes, la réalisation manque encore un peu d'éclat, ce n'est pas aussi inventif ni puissant qu'un Bande de filles, mais le charme vénéneux et pourtant fragile d'Adèle Haenel porte le film au sommet.
Un très beau film sur l'adolescence.