Portée par un trio d'actrices délectables, Naissance des pieuvres est une œuvre pudique sur la l'adolescence et sa quête d'identité sexuelle. Sur fond de natation synchronisée, où le lycra n'arrive pas à cacher l'expression des corps, les tourments de Marie, Anne et Floriane se mêlent en un entrelacs de tentacules.
Marie, réservée et androgyne. Anne, naïve et entière. Floriane, précoce et ambiguë. Plus que leurs caractères, ce sont leurs corps qui s'expriment, qui témoignent de leurs émotions. Comme dans le bassin, il n'y a guère de place pour les mots, les corps possèdent une grammaire très précise. Car les scènes les plus fortes se passent de paroles. Un simple geste, un infime regard arrivent à faire éclore un bouquet d'émotions.Un sourire arrachée dans un bus, des doigts qui se cherchent sur un lit, une main qui se glisse sous un drap, un soutien-gorges qu'on enterre, un baiser couleur sang... Le film sait jouer sur les images qui tatouent la rétine. C'est une chorégraphie dont le rythme va crescendo.
Cette adolescence est livrée à elle-même dans ce monde sans adulte. Et que pourraient-ils bien y faire ? Comme face à la mort, en fixant un éternel plafond, nous sommes seuls face à nos sentiments. Ces filles se cherchent, se révèlent à travers les autres. Si deux comprendront tardivement qu'il faut être deux pour aimer, ce n'est pas le cas de la troisième...
Un premier long prometteur, subtil et pudique. Céline Sciamma est prête pour accoucher de son Tomboy. Une autre quête identitaire.