A Paris, sous le Second Empire, Nana est une chanteuse d’opérette qui fait tourner les têtes y compris celle du très prude comte Muffat, chambellan de l’empereur. Au-delà de la fidélité, ou non, au roman, ou encore de son infériorité, ou pas, à la version muette de Renoir, le Nana de Christian-Jaque se caractérise surtout par la somptuosité de ses costumes et de ses décors. Les deux moteurs de l'intrigue sont le sexe et l'argent, le film ne montrant guère de profondeur ni d'intérêt d'ailleurs, pour la situation politique et sociale de l'époque. C'est un film clinquant, honnêtement mis en scène par Christian-Jaque, comme une sorte de Second Empire des sens, le genre de cinéma qui irritait fort les jeunes loups de la Nouvelle Vague et il est vrai que la chose est bien superficielle et artificielle. Elle n'est pas déplaisante, cependant, ne serait-ce que pour les dialogues de Jeanson et la solidité des performances de Boyer, Castelot, Roquevert et Frankeur, entre autres. Reste le cas de Martine Carol, actrice limitée, mais dont le rôle que lui a offert son réalisateur de mari convient à son tempérament. Et surtout à son talent d'arborer des décolletés audacieux (pour l'époque).