« Abel Gance m’a tuer » pourrait dire Napoléon. « Abel Gance m’a canonisé » pourrait rétorquer le Cinéma. Comment cette œuvre monumentale et intemporelle fut-elle possible ? Toute l’Histoire du cinéma y est projetée avant l’heure : des gros plans qui disent tout, des écrans scindés en mille morceaux, des mouvements de caméra immersifs, l’immobilité capturée dans toute sa grâce, le montage poussé à son paroxysme ! Tout figurait déjà à l’écran il y a un siècle !
Les mots justes ne me parviennent pas après ce choc esthétique, tout ce qui me vient à l’esprit dans l’immédiat est une question : Comment un cinéaste peut passer après Abel Gance pour offrir un portrait de Napoléon et toujours pouvoir se regarder dans la glace ? Tout simplement, comment le Cinéma a fait pour continuer à vivre après cette rupture sans égale ? À ce jour, j’ai recensé près de 1400 films vus depuis ma naissance, il n’a fallu à «Napoléon » (Abel Gance, 1927) que 5h30 pour se hisser au sommet et de faire table rase de tout ce qui lui a précédé et de ce qui suivra…