Quatorze ans après Powaqqatsi, Reggio conclut sa trilogie avec son volet le plus expérimental. Bourré de CGI et d'altérations digitales d'images d'archives, le réalisateur crée une véritable symphonie visuelle, pas toujours sensée. En effet, dans ce genre de documentaire sans narration, l'image se doit d'être significative. Alors que les deux films précédents nous offraient des visions précises de la face du monde, celui-ci enchaîne les images de synthèses douteuses et détournées, à tel point qu'elles en deviennent absconses. Avec un visuel décevant, Naqoyqatsi ressemble plus à un énorme générique d'émission télévisée. Et, malgré ses trois thèmes majeurs (la technologie et la virtualité, la compétition et l'argent, la guerre et la violence), le film agence des images extrapolées en un maelström aléatoire. Ce dernier documentaire peine à s'ériger une ligne de conduite, autre que celle de Philip Glass, dont la trame musicale admirable évolue joliment pendant 90 minutes. Malheureusement, Reggio se perd en longueurs et redites, et ne parvient pas à transmettre un message convenable.