- Guerre froide. Koyaanisqatsi : une fusée explose et l’Humanité se désagrège sous les cordes du maestro Philip Glass. Perfection absolue.
(ellipse temporelle de 20 ans ponctuée d’un Powaa- sans grand éclat)
- After du 11/9. Naqoysatsi : des avions ont explosé et l’Humanité n’est plus qu’un négatif d’elle-même.
Littéralement. Godfrey Reggio fait l’apologie du négatif une heure trente durant. Tentative conceptuelle de modéliser l’autre versant du spectre de couleurs humain, notre dark side fait de compétitions sportives, de pluies de dollars inversées et de pilules qui tournoient ? Il semblerait qu’effectivement, nous ayons affaire à un grand Photobooth philanthrope. Hélas l’auteur du miracle primaire s’est perdu dans les mauvais effets de l’application. De l’art dans du cochon. Naqoyqatsi parfois survole et parfois plonge tête la première dans l’expérimental du mauvais goût.
On y voit : des logos, des figures, des symboles, des foules , des tropiques, des incrustations de billets de banque, des vortex, des rires et des exploits sportifs. Mais aussi : des girafes galopantes, des poissons, des émirs, des time lapses de gratte-ciels, des time lapses de pas gratte-ciels, des croix gammées, des symboles peace, des arobases, le tout flottant dans l’allégresse épileptique de cieux Windows 95 (pensée émue aux fonds d’écran). On évoque aussi, bien entendu, un peu la violence qui règne tranquillou sur notre belle planète bleue, alors on en appelle à Doom. L’obsession humaine pour les paillettes et la gloire ? Modélisons avec une grossièreté surprenante de fausses stars en 3 dimensions sous les feux des projecteurs. Sérieux, on aurait dit Adibou sur red carpet. Et tout ça, vraiment tout ça, en couleurs inversées.
Alors que penser d’une telle audace visuelle ? Souffler à Godfrey que le négatif c’est comme le sépia, c’est par touches ? (et encore…) Néanmoins il surgit de ce craquage optique quelques moments, sinon brillants, tout du moins plaisants. Comme quand il aborde la question de zapping plus « frontalement ». Mais toujours, l’écran virera lentement au dégueulis vert, ou jaune, ou même au monochrome (allez !). Et là où l’ainé des Qatsi resplendissait par sa distanciation vis-à-vis de son sujet, ici on est souvent pris de force par la main pour nous montrer où on veut en venir. OK l’Humanité n’est pas OK, tout devient guerre, virtuel ou compétition. Quel monde féroce. Mais bon ce material world ça va Madonna nous avait déjà prévenu quelques temps auparavant hein. On regrettera ce côté trop didactique, la randomisation de l’image pour montrer que. Pour montrer que ? C’est la merde, mais bon, la fusée avait déjà explosé 20 ans plus tôt. Et il nous refait le coup…en négatif (vous l’aviez pas vu venir celle-là).
Un film à l’image de sa scène que je me veux clé : l’incrustation équivoque d’un bébé volant. In the skies.
With diamonds.